
Les bilans annuels sont à la mode. L’année dernière déjà, j’avais adoré écouter les conseils d’Alexandre Dana à ce sujet. Je m’étais attelée à l’exercice à ma manière. Ça m’avait aidée. Je m’étais dit que je ferai cela tous les ans, que cela me permettrait de comparer mes avancées d’une année sur l’autre.
Il y a quelques semaines, pleine de ces bonnes intentions, j’ai abordé le sujet dans mon groupe WhatsApp Matières à réflexion. J’ai demandé à la cantonade ce que chacune comptait faire, en suivant quelle méthode. Caroline, habituée à l’exercice, nous a envoyé le lien vers le post de blog qu’elle avait rédigé l’année dernière, « 2023 en mots et en images ». Elle préparait déjà celui de 2024. Alain s’y était mis dès la fin octobre, « là où le temps, les habitudes changent avec le climat », préférant faire le tri avant le rush des fêtes. Plusieurs s’appuieraient sur le livret YearCompass, d’autres chercheraient leur mot de l’année.
Mais certaines lectrices étaient plus réservées. « Je ne fais pas de bilan, suis-je normale ? », a plaisanté Hélène. Elle n’en ressentait pas le besoin, préférant réajuster les choses tout au long de l’année. « Ça se fait quand ça s’impose, surtout au retour des vacances, quand j’ai un œil neuf et que ça vient tout seul, sans le vouloir ni le décider. » D’autres étaient plus ambivalentes, comme Aigerim : « Ce processus me fascine mais me fait peur en même temps. » D’autres encore préféraient dresser ce bilan plus tard, en janvier ou au printemps. Leurs remarques ont fissuré mes plans. J’allais déjà essayer de boucler mon album-photo 2024, un chantier costaud que je n’étais pas peu fière d’avoir réussi à mener à terme l’année précédente.
Les soirs où il me restait assez d’énergie, j’ai entrepris de trier les photos dans mon téléphone. Prise de vertige face à la montagne d’images, je me suis rabattue sur les tirages que j’avais déjà effectués. Cela ne m’a pas davantage apaisée : dans mon appli photo comme dans mes enveloppes Lalalab, c’était un bordel sans nom. Dans l’app, j’avais parfois mis des cœurs sur les meilleurs clichés, mais pas toujours. J’avais fait des dossiers, mais ils étaient à la fois trop nombreux et incomplets. Côté tirages, c’était encore plus l’anarchie. Plusieurs fois dans l’année, après un voyage ou un événement marquant, j’avais eu envie d’avoir mes meilleures photos sous les yeux, en format papier, collées à un mur de mon bureau ou aimantées au frigo. Résultat : certaines étaient disséminées dans la maison, d’autres attendaient en vrac dans leur pochette. Comment pouvais-je passer ma vie à tenter de mieux m’organiser et échouer aussi lamentablement sur ce plan, pourtant si important pour moi ?
J’étais trop motivée pour céder au découragement. À la place, j’ai procédé comme je procède toujours : par ajustement. Mon système actuel ne marchait pas ? Il fallait en changer. Ma principale erreur était que j’avais trop attendu. Le tri était devenu tentaculaire. J’ai repensé à ma comptable qui exige que je lui envoie tous mes reçus de notes de frais à chaque fin de mois. « C’est plus facile pour tout le monde », avait-elle justifié la première fois que l’on s’était rencontrées. J’allais faire pareil avec les photos. Je m’étais déjà dit plein de fois que c’était la meilleure façon de procéder, mais je n’avais pas tenu, car je ne croyais pas vraiment à l’utilité de le faire aussi régulièrement. Je me disais que j’avais besoin de plus de recul dans le temps pour trier les bonnes photos. Tu parles. J’avais la flemme, c’est tout. Si je voulais des photos papier bien rangées dans un album, je devais m’y coller souvent, à intervalles fixes. Ce n’est pas forcément le meilleur système dans l’absolu, mais je sais par expérience que c’est mon mode opératoire : ancrer une habitude avec une fréquence suffisante pour devenir un réflexe. Comme le dit Eliott Meunier, « la raison pour laquelle la plupart des personnes échouent à mettre en place une nouvelle habitude et à s’y tenir est le manque de confiance dans leur système ». Il était temps de réviser le mien.
Cette histoire de photos a complètement dégonflé mon envie de bilan annuel. J’ai réalisé que cette idée de bilan de l’année, ce n’était pas moi. Je m’étais collé cette tâche en plus par mimétisme, parce qu’elle était dans l’air du temps, mais passée l’excitation de la nouveauté, le plaisir s’était envolé. Ne restait qu’une culpabilité sourde à l’idée que je n’allais pas arriver à la caser dans mon emploi du temps.
Je m’étais laissé entraîner, mais il n’y avait pas que cela. Quand je l’avais fait l’année dernière, cela répondait à un réel besoin de clarification chez moi. C’était le bon moment. Aujourd’hui, je suis dans une dynamique différente. Me mettre à dresser mensuellement auprès de vous la liste de mes micro-changements a enclenché une prise de recul régulière. Je le faisais depuis des années au quotidien dans mon journal, mais je ne me relisais jamais. Revenir dessus, et plus généralement rouvrir et parcourir mes carnets de bord, m’a aidée à m’approprier mon récit, à écrire ma vie de manière plus consciente.
Tout cela fait qu’à quelques jours de Noël, je n’ai pas la tête aux inventaires. J’ai poussé si loin mon introspection cette année que j’ai juste envie de souffler, débrancher, mettre mon esprit analytique en pause et vivre au présent. Car c’est cela que racontent nos histoires de bilans finalement : elles reflètent notre rapport au temps. Elles nous indiquent si nous sommes plutôt tournés vers le passé, le présent ou le futur. Cela n’a rien de figé. Nul doute qu’en décembre prochain j’aurai encore évolué. D’ici là, je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année.
Rendez-vous le 2 janvier pour mon premier live d’écriture !
Ma dernière newsletter de l’année partira ce dimanche 22 décembre. Il s’agira d’un format spécial. Plutôt que de rédiger la synthèse d’un livre comme j’en ai désormais l’habitude, j’ai eu envie de vous transmettre plusieurs ressources qui m’ont transformée cette année. Je vous livrerai ma sélection très personnelle de newsletters, de podcasts, d’artistes qui m’ont fait du bien et qui m’ont aidée à voir le monde autrement.
Il n’y aura pas de newsletter la semaine suivante - vendredi 27 et dimanche 29.
En revanche, je vous propose que nous nous retrouvions le jeudi 2 janvier à 19h pour un premier live d’écriture sur Substack. Je vous proposerai un sujet, et nous écrirons un flot de pensées ensemble, en direct. L’un de mes plus grands souhaits est de vous aider à libérer votre écriture. Ce format “live” semble propice au déploiement d’une énergie collective. Essayons-le. Seule condition : être abonné.e payant à ma newsletter (mensuel ou annuel). Le jour J, à 19h, vous recevrez un mail pour vous connecter au live.
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Passionnant ces réflexions sur les micros changements, tu me donnes des pistes très intéressantes, merci. Après je vais devoir me motiver… as tu un fournisseur préféré / pratique pour les albums photos, je ne trouve que de gros volumes raides et trop chers, ou trop petits et chers quand même ! Du coup mes photos restent dans mon téléphone et je me déçois ! Passe de très bonnes fêtes et pense à New York !
Bonsoir et merci pour ces réflexions toujours intéressantes.
Le bilan de fin d'année sous forme d'entrée de journal n'a jamais été dans mes habitudes. En revanche, adepte du tarot, j'ai fait ces dernières années un tirage de.fin d'année qui est l'occasion d'une réflexion plus fluide, plus ouverte qu'une liste mois par mois. 😊