10 micro-changements d'octobre
Inventaire de ce qui a bougé chez moi ces dernières semaines.
Depuis des années, je documente mes changements d’habitudes. Nouveaux gestes du quotidien, détails que je suis la seule à voir, signaux faibles en devenir. Rien de spectaculaire ni de définitif. Je vous en fais régulièrement l’inventaire en newsletter. Cela mène souvent à des discussions intéressantes. J’ai donc décidé d’en faire un rendez-vous mensuel.
1 - Sourire pour aller mieux
Au repos, mon visage tire la tronche. J’ai fini par me demander si cela n’affectait pas mon humeur. J’ai fait quelques recherches, et un vieil article de Slate m’a incitée à sourire plus souvent, même sans raison apparente. « Notre cerveau ne fait pas la différence entre un rire induit parce qu'on a écouté un truc drôle et un rire mécanique », assure la journaliste, études à l’appui. Sourire – pour quelque raison que ce soit – envoie des messages de bien-être au cerveau, ce qui impacte bel et bien notre humeur.
Le simple fait de voir une personne sourire amplifierait notre sentiment de bonheur. Le compte Instagram du designer britannique Nigel Cabourn en est pour moi la meilleure preuve. Son sourire omniprésent est communicatif, cet homme respire la joie de vivre.
Donc depuis quelques semaines, quand mon moral vacille, je me souris à moi-même. Et ça marche ! Je me sens tout de suite mieux, alors je continue.
2 - Éloigner mon téléphone quand je suis en deep work
Jusque-là, quand je travaillais, je gardais mon téléphone sur mon bureau et me contentais de le retourner pour ne pas voir l’écran (j’ai peu de notifications, mais j’ai gardé celles de WhatsApp et je ne bloque pas les appels). À l’usage, j’ai constaté que l’appareil constituait encore une trop grande menace pour ma concentration.
Depuis la rentrée, j’ai donc pris l’habitude de le mettre dans ma chambre quand je suis en séance de travail profond (deux à quatre heures par jour). Je ne prends plus aucun appel (sauf si j’attends une livraison). L’avoir dans une autre pièce, physiquement éloigné, hors de ma vue, me permet de le dégager de mon espace mental. Il n’existe plus. Et j’avance mieux.
3 - Ma Sempé-thérapie
Fin septembre, Tim Ferriss a reçu Elizabeth Gilbert dans son podcast. Cette interview (en anglais) est un délice du début à la fin. L’entretien a encore accru mon amour pour cette autrice brillante et attachante (je n’ai pas lu Mange, prie, aime, mais j’ai adoré Comme par magie et je me délecte de sa newsletter).
À un moment, elle recommande, pour se connecter à soi, de lire « quelque chose qui nous paraît sacré » (« Go to a quiet place and read something that to you feels holy »). Ça n’a pas besoin d’être un texte religieux, elle-même évoque plutôt de la poésie. « Lisez quelque chose qui ouvre votre cœur, d’une manière ou d’une autre. »
Ce conseil a commencé par me faire paniquer. Je ne voyais aucun texte auquel me référer. Je n’avais pas de lectures sacrées ! Je n’étais même pas fichue d’avoir un poète préféré, quelle nulle ! Puis j’ai jeté un œil à notre bibliothèque, et j’ai vu mes deux petits Sempé préférés, Un peu de la France et Un peu de Paris. J’en ai ouvert un, et ça a scellé quelque chose. J’ai réalisé que Sempé avait sur moi ce pouvoir d’ouvrir le cœur dont parle Elizabeth Gilbert. Ses dessins empreints d’humanité me réconcilient avec toutes les parties de moi.
Depuis, j’ouvre chaque jour un livre de lui (j’en ai pas mal). Son esprit facétieux me fait rire toute seule. Sa « profonde légèreté » me dé-cadenasse. Je lui consacrerai bientôt une newsletter du dimanche.
4 - Mon changement de posture
Quand je stresse, j’ai le souffle court. J’ai beau inspirer tant que je peux, faire de la cohérence cardiaque, je n’arrive plus à reprendre complètement mon souffle. C’est une sensation désagréable, qui accentue mon sentiment d’impuissance.
À force d’observation, j’ai réalisé que lorsque je suis assise, au repos, je m’affale. Mes épaules ont alors tendance à se refermer, ce qui réduit l’amplitude de mes poumons. Depuis, j’essaie de me tenir droite tout le temps, en veillant à dérouler mes épaules et à m’étirer. Eh bien la gêne a disparu !
5 - Je continue d’affiner ma prise de notes
Je vous le disais début septembre : le livre Arrêtez d’oublier ce que vous lisez, d’Eliott Meunier, m’a permis de gagner en efficacité dans ma prise de notes en amorçant mon propre système, à l’aide notamment de mes mini-carnets (j’en ai toujours un avec moi) et de mes fiches Word (j’en ouvre une pour chaque sujet qui m’intéresse). Depuis, je ne cesse de l’affiner.
L’un des principaux ajustements est que je m’autorise à prendre des notes même devant les gens avec qui je parle. Ça peut paraître anodin, mais ça m’a demandé beaucoup d’efforts. Je craignais que la prise de notes crée une interférence (je pense toujours que cela peut être le cas, donc je reste vigilante). Je craignais que l’on me juge, que l’on trouve ça louche, que l’on me reproche mon geste (ce fut le cas par le passé). À force de demander l’autorisation, je me suis rendu compte que la plupart des gens trouvait cela flatteur. Ils y voient – à juste titre – le signe que ce qu’ils disent m’intéresse. Quel soulagement !
L’autre changement est que je prends le temps de relire mes notes immédiatement après un déplacement. Jusque-là, je me laissais happer par les urgences et mes notes restaient dans mes mini-carnets. Il m’arrivait de les relire, mais je ne les « traitais » pas. Avec le temps, j’ai compris que l’enjeu était trop important. Pour que le bénéfice d’un voyage soit complet, j’ai besoin de revenir dessus. Je le faisais déjà par le tri de mes photos, mais les mots comptent aussi. Sur le trajet du retour, j’ouvre donc mon carnet et mon ordinateur portable. Je fais des recherches en ligne sur des mots-clés griffonnés à la volée. Je retranscris certaines notes dans des fiches Word. J’éprouve un immense plaisir à ranger ainsi mes souvenirs. Cela fait germer plein d’idées… que je note aussi.
6 - Je prépare mieux mes voyages à Paris
Ou pour le dire plus franchement : je suis devenue carrément maniaque. Cela tient au caractère répétitif de ces voyages. Comme je viens une fois par mois et que j’ai tendance à vouloir tout améliorer dans ma vie, je retiens d’une fois sur l’autre ce qui a marché, ce qui n’a pas marché, et je procède aux changements qui s’imposent.
Ça commence avant le départ : dans ma recherche d’homéostasie (stabilisation interne), j’essaie de partir avec mes affaires en ordre – bureau rangé, boîte mail à zéro, comptes à jour, panier à linge sale vide. Je n’y arrive pas toujours, mais tendre vers cet idéal m’aide à faire place nette avant trois jours de chaos.
À Paris, je veux faire beaucoup de choses. Or mon temps et ma capacité de concentration sont limités. Je dois aussi tenir compte de mon état émotionnel : les rencontres là-bas sont souvent intenses, les plaisirs vifs, l’excitation au plus haut. Pour vivre cela au mieux, je suis devenue plus précise dans l’organisation de mes journées. Mon objectif est de me libérer l’esprit au maximum, en préparant méticuleusement chaque rendez-vous, tout en me laissant la possibilité d’ajuster mes choix en fonction de mes envies jusqu’au dernier moment. À l’arrivée, cela rend chaque séjour encore plus mémorable.
7 - Fnac des Halles, le retour aux sources
La dernière fois que j’étais à Paris, j’ai réalisé que je ne pouvais plus voguer de librairie en librairie au gré de mes envies. J’adore ça, mais lire est devenu pour moi un enjeu professionnel. J’ai trop de références ultra spécifiques à feuilleter. J’ai aussi besoin d’un espace où je peux aller, venir, hésiter, partir, revenir sans que quelqu’un trouve mon comportement bizarre. Cela m’a ramenée à la Fnac des Halles. Je n'y allais plus, mais j’y ai mes premiers souvenirs de lectrice : enfant, mes parents nous y emmenaient souvent, ma sœur et moi, le samedi après-midi. On passait des heures à choisir nos livres de poche. L’odeur de ce magasin m’envoie un shot de dopamine ultra puissant, et peu d’endroits me procurent un tel sentiment de sécurité.
8 - Je collectionne les Guides du Routard
Eux aussi me relient à l’enfance. Devenue adulte, je leur avais tourné le dos, les trouvant trop franchouillards, trop mainstream, pas assez cool. Avec l’âge et l’expérience, je me surprends à apprécier leur humour et leur enthousiasme dénué de cynisme. Le Guide du Routard ne se la pète pas. En plus, on le trouve partout. Avant, c’est ce qui m’embêtait, j’aimais dénicher des guides alternatifs. Mais je n’ai plus le temps d’être snob.
9 - Lire en mouvement
Entre Paris, la Suisse et le Périgord, j’ai pas mal bougé ce mois-ci. Je craignais que cela m’empêche de préparer mes newsletters du dimanche, et donc de lire les ouvrages que j’avais choisis. J’ai été agréablement surprise de découvrir qu’il était au contraire plus facile de le faire hors de chez moi. Même dans des environnements bruyants tels qu’un café, une voiture ou un train, je parviens à me concentrer davantage que chez moi, où tout m’incite à lâcher mon livre pour gérer des urgences. De quoi me donner envie d’aller bosser dans les cafés de Montélimar, et de prendre le train plus souvent.
10 - Tester la douche froide
Je suis si frileuse que je pensais ne jamais céder à la mode des bains glacés. La lecture d’Un monde sous dopamine est en train de me faire changer d’avis. L’autrice Anna Lembke y raconte l’histoire d’un Californien qui parvient grâce à ces bains à décrocher de la cocaïne, le froid ayant sur lui le même effet que la drogue. Le plaisir ne vient pas tout de suite, il faut d’abord se confronter à la morsure du froid, mais c’est précisément cette douleur qui mène à un plaisir intense lorsqu’on sort de l’eau. Intriguée, j’ai essayé, et l’effet euphorisant m’a bluffée. Il s’agit sûrement d’un conditionnement – je me suis autoconvaincue que cela allait me faire du bien – mais puisque ça marche, pourquoi ne pas continuer ? Pour le moment, je tiens 30 secondes. J’aimerais arriver à une minute, pour voir.
Et vous, que pensez-vous du retour en vogue de la douche écossaise ? Et quels sont vos derniers micro-changements ? Racontez-moi où vous en êtes dans les commentaires.
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Douche froide, selon Wim Hof.
Je fais d'abord sa respiration inspirée du Toumo tibétain pendant 20 minutes, puis douche froide. D'abord 30, puis 40, puis défi jusqu'à 3'.
Aujourd'hui, le temps de me mouiller (épaules et dos compris)
Puis j'arrête la douche, savonnage, et rinçage ensuite. Ça doit faire 1,30" en tout.
Depuis 2 ans.
Mon mari aussi.
Nous avons coupé notre consommation d'eau en 2.
Et l'eau chaude, n'en parlons pas ! (nous n'en n'avons plus).
Aucune maladie depuis 2 ans. Beaucoup d'énergie. Mon mari a retrouvé un meilleur sommeil.
L'eau froide est mon meilleur anxiolitique, ça me calme instantanément. Je déteste les douches froides mais j'adore me baigner dans le lac Léman (que tu connais bien maintenant 😊). Je n'ai jamais réussi à me baigner en hiver, je m'arrête avant... Mais chaque année j'essaie de tenir le plus longtemps possible. Vais-je réussir à passer l'hiver cette année?!