
Le dernier vendredi du mois, je consigne ici l’évolution de mes habitudes.
1 – J’ai envoyé des cartes de vœux
« En fait ton métier maintenant, c’est de correspondre. Tu nous écris, on te répond. » Ce constat, émis par l’une d’entre vous peu après le lancement de ma newsletter dominicale, m’a frappée par sa justesse. Adolescente, j’ai eu plusieurs correspondantes. J’aime les relations épistolaires. Il semblerait donc logique que j’envoie des cartes de vœux. Chaque année j’y crois d’ailleurs. Et chaque année, je remballe tout le 31 janvier, déçue de ma capitulation face à l’ampleur de la tâche.
Cette fois, je m’y suis prise autrement. J’ai commandé une seule belle carte à Morgane Rospars, qu’elle m’a fait imprimer en multiples exemplaires. Ensuite, je ne me suis rien imposé. Je ne me suis surtout pas dit : « Voici la liste de toutes les personnes de ton réseau professionnel à qui tu dois écrire. » Je n’ai même pas pensé en termes de « pro » ou de « perso ». Je ne voulais pas transformer le plaisir d’écrire en corvée. J’ai rédigé une carte, puis une autre, n’obéissant qu’à mon envie de l’instant.
À la fin du mois, j’avais en retour reçu de charmantes réponses, comme la « carte » illustrée de Julie Serre ci-dessus, mais j’ai aussi dû me rendre à l’évidence : je n’avais pas envoyé le quart du dixième des cartes que je souhaitais envoyer. Tant pis. Au moins, une poignée est partie. Les choses ont bougé. J’ai ouvert le dossier. Comme avec les albums-photos, je sens que je ne suis qu’au début d’un long et lent processus, qu’il va me falloir rôder ma méthode sur des années. Mais j’ai tout mon temps. Et je sais désormais que ce type de lien, manuscrit et ritualisé, a trop d’importance à mes yeux pour que je lâche l’affaire.
2 - J’ai fait la galette des rois moi-même
Enfin, j’ai acheté un kit au supermarché.
Je ne mange plus de galette depuis longtemps (je ne digère plus le sucre), mais d’habitude j’adore aller acheter pour mes proches une galette à la frangipane dans la meilleure pâtisserie de la ville. Ma manière à moi de savourer cette tradition par procuration.
Cette année, quand j’ai vu le kit à Grand Frais, je me suis dit que Gustave aimerait peut-être mettre la main à la pâte, faire des dessins dessus. C’est exactement ce qui s’est passé. Il était fier du résultat, je me suis repue de l’odeur de beurre pendant la cuisson, tout le monde l’a trouvée délicieuse.
Quelques jours plus tard, j’ai voulu racheter un kit pour un dîner avec mes parents. Il n’y en avait plus. J’étais lancée : depuis mon téléphone, j’ai retrouvé une vieille recette dans mon Cloud, j’ai acheté deux pâtes feuilletées, le reste des ingrédients et hop, je l’ai (presque) faite moi-même. Mon fils a préféré celle de Grand Frais. Je ne me suis pas vexée : je ferai mieux l’année prochaine !
3 - Un objectif par jour
La lecture du livre Slow Productivity, de Cal Newport, m’a amenée à changer plusieurs choses dans mon organisation, en particulier sur le plan professionnel. J’ai suivi sa recommandation de ne plus se fixer qu’un seul objectif quotidien. Cela ne signifie pas que je ne ferai que cette tâche, mais au moins, je sais qu’elle est ma priorité du jour. Réfléchir de cette manière me permet de faire un gros tri mental dès le matin, voire la veille au soir. Avant, j’avais du mal à choisir, donc je gardais plusieurs priorités en tête. M’imposer de n’en garder qu’une seule me force à aller à l’essentiel. Et quel soulagement de réaliser que finalement, le reste peu attendre !
4 - J’ai affiné l’organisation de ma semaine
Cal Newport recommande également, dans la mesure du possible, d’attribuer aux tâches récurrentes des jours et des créneaux horaires spécifiques. Le but est d’ancrer l’habitude jusqu’à ne plus avoir à y réfléchir. Je procédais déjà ainsi – depuis des années, mes vendredis sont dédiés à la rédaction de cette newsletter. Mais son conseil m’a permis d’aller plus loin.
J’ai réalisé que le lundi était mon jour de reset, de remise à zéro. Je rattrape le retard pris dans mes messages, mes comptes, mes notes. C’est aussi un jour de remise en route. Mon attention est à la fois fraîche et flottante, ce qui est idéal pour assurer une séance de coaching ou, plus généralement, pour interagir avec le monde extérieur. J’ai donc décidé de rassembler mes rendez-vous ce jour-là.
Le mardi et le mercredi, au contraire, j’ai compris que j’avais besoin de m’isoler dans ma grotte. Ce sont les jours où je lis d’un trait le livre que j’ai choisi pour ma newsletter du dimanche, pour ensuite retranscrire dans un doc Word les passages que j’ai soulignés. Ces tâches sont à la fois les plus exaltantes et les plus exténuantes de ma semaine. Du deep work (travail profond) qui exige un niveau de concentration extrême et ne supporte pas les interruptions. Prendre conscience de ces besoins m’a amenée à sanctuariser ces deux jours.
Le jeudi, j’émerge. Le matin, j’amorce l’écriture de ma newsletter du dimanche (que j’achève durant le week-end). L’après-midi, je me reconnecte au monde extérieur, tant par goût que par nécessité. C’est donc un autre bon moment pour des rendez-vous.
J’ai également systématisé le moment des courses hebdomadaires au vendredi soir, une fois ma newsletter envoyée. C’est un moment de décompression des tensions accumulées pendant la semaine. Gustave m’accompagne souvent, on rit comme des bossus dans les allées de Carrefour. Ancrer ce moment anodin nous fait du bien à tous les deux.
Évidemment, tout cela n’est qu’une trame. Des imprévus viennent régulièrement bousculer mes plans. Mais cette nouvelle grille m’aide justement à mieux tenir le cap en cas de bourrasque.
5 – Je décide de mon emploi mon temps
J’ai pu réorganiser ma semaine car je travaille en indépendante, mais cette liberté dans la gestion de mon temps est aussi le résultat d’un processus plus profond. Pendant mes cinq premières années à mon compte, je me suis mise à la disposition de gros clients. L’enjeu était si crucial que je me calais sur leurs impératifs de timing.
Ces dernières semaines, j’ai réalisé que j’avais passé un cap. Plus confiante, soutenue par vous, mes lectrices et lecteurs qui êtes devenus mes premiers clients, je gère désormais mon temps en partant de mes propres besoins. Un tel changement de perspective comporte une part de risque, mais la liberté que j’y gagne n’a pas de prix.
6 – Le soir, parfois, je ne fais plus rien du tout
Je m’investis tellement dans mes journées de travail que le soir, quand je descends de mon bureau pour dîner, mes capacités d’attention sont complètement à plat. Je me mets à table avec Mark et Gustave, je les écoute, je mange… et je n’ai plus envie de rien d’autre. Vraiment plus rien. Jusque-là, j’avais tendance à esquiver cet état, en allant scroller sur Instagram, en essayant de lire ou de ranger des choses dans la maison. Ces derniers jours, j’accepte de ne plus rien faire. Je reste à table en face de Mark, je lui dis ce qui me passe par la tête. Il m’écoute, me regarde, me répond. Puis je vais me coucher, tôt et sans regret.
7 – À Paris, je m’achète des épices chez Roellinger
Mon organisme supportant de moins en moins le sel, je suis perpétuellement à la recherche de nouvelles épices pour relever mes plats. Cette quête m’a menée à un nouveau rituel : lorsque je viens à Paris, je fais une escale à l’épicerie fine d’Olivier Roellinger, au 51 bis rue Sainte-Anne. Dans cette boutique conçue comme une invitation au voyage, j’hume tous les flacons. Mon tempérament compulsif me donne envie d’en acheter dix, mais je me refrène. Je continue d’ouvrir les couvercles jusqu’à ce qu’un mélange prenne le dessus. Début janvier, c’était la poudre Colombo. En décembre, Vadouvan. Mes déjeuners ne sont plus les mêmes.
8 – Je continue de faire évoluer l’usage de mes mini-carnets
Comme je vous l’écrivais en octobre, j’ai toujours avec moi un petit carnet, dans lequel je note ce qui me passe par la tête, ou ce que l’on me dit et que je ne veux pas oublier. Jusqu’à présent, je considérais ce support comme une « boîte de réception temporaire ». Une fois devant mon ordinateur, je triais mes notes et retranscrivais certaines infos numériquement. Enfin ça, c’était la théorie. Dans la réalité, ce tri était devenu si fastidieux que j’avais tendance à oublier de m’y atteler.
L’une d’entre vous, Lydia, m’a sortie de là. Au détour d’une conversation sur les carnets, elle m’a confié utiliser un commonplace diary. Je lui ai répondu que j’en avais souvent entendu parler, mais que le concept continuait de m’échapper. Elle m’a alors livré sa propre définition : « Le commonplace diary, tel que je le comprends, c'est un carnet qui sert à noter les phrases, citations, idées qui tombent sous nos yeux à longueur de journée. Si on en tient un régulièrement, cela donne (a posteriori) une photographie de nos lectures, de notre état d'esprit du moment (selon notre disposition d'esprit, telle ou telle phrase n'aura pas le même impact et ne se retrouvera donc pas dans le carnet alors qu'elle aurait pu y être à un autre moment). Cela permet aussi de garder une trace différente des lectures, films, articles, etc. »
Ses mots m’ont décoincée. Depuis, j’ai changé mon approche. Pour les choses de la vie courante que je ne veux pas oublier, j’ai recommencé à m’envoyer des mails. Cela m’a permis d’envisager davantage mon mini-carnet comme un carnet d’inspirations que je prendrai plaisir à relire. Suite au prochain épisode !
9 – Déjeuner en tête-à-tête avec mon père ou ma mère
J’éprouve de plus en plus le besoin de moments tranquilles avec mes parents. J’ai envie de pouvoir les écouter sans que personne – pas même leur mari ou leur femme – ne les interrompe. Je souhaite creuser avec eux des sujets qui n’intéressent que nous, profiter pleinement de leur présence. Puisque nous habitons à dix minutes à pied de chez eux, je leur ai suggéré que l’on se retrouve dans un restaurant du quartier pour déjeuner. Pas de jour fixe, pas de système trop figé. Juste un déjeuner en tête-à-tête de temps en temps, pour prendre des nouvelles et savourer le temps qui passe. Les premiers m’ont donné envie de continuer.
10 – Envisager un plan de vie à 35 ans
Vous vous souvenez de ma newsletter sur « où j’ai envie d’être dans cinq ans » ? Ce thème a rappelé à Mark une anecdote : lors d’un voyage d’affaires au Japon, il avait appris que la société nippone qu’il visitait suivait une stratégie établie non pas sur 5 ou 10 ans, mais sur 250 ans. Cette façon de faire m’a semblé vertigineuse. Puis, pour rire, je me suis projetée au-delà de 5 ans. J’ai laissé le compteur tourner dans mon imagination. Jusqu’à quel âge pouvais-je espérer vivre ? J’ai tablé sur 85 ans. J’en ai presque 50. Ma vie m’est alors apparue sous un jour nouveau : avec de la chance, je dispose de 35 ans. Qu’ai-je envie d’en faire ? Je n’en sais trop rien, mais la question a ouvert une brèche.
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J’envoie deux newsletters par semaine. La première, le vendredi, est gratuite. J’y raconte mon humeur du moment. La seconde, le dimanche, est payante. J’y présente une ressource, le plus souvent un livre que je viens de (re)lire et qui m’a nourrie. Vous pouvez vous y abonner pour 6€ par mois (5€ avec la formule annuelle). Vous aurez alors aussi accès aux archives.
Live d’écriture jeudi prochain à 19h ✍🏻
Votre accueil a été enthousiaste le 2 janvier (nous étions plus de 200 personnes connectées pour écrire ensemble !). Merci merci.
J’organise donc un nouveau live d’écriture ce jeudi 6 février, de 19h à 20h, sur Substack.
En ce début d’année, je vous propose de faire le point, par l’écriture introspective, sur votre situation et vos aspirations professionnelles.
Ce live est réservé aux abonnés payants (mensuels, annuels ou solidaires).
Attention, le live ne peut être suivi que depuis l’application Substack, pensez donc à la télécharger sur votre téléphone ou votre tablette et à vous connecter à votre compte avant le début du live.
Ensuite, vous n’avez rien à faire : vous recevrez dans votre appli un message automatique peu avant 19h, vous invitant à rejoindre le live.
Il y aura un replay.
L’abonnement solidaire 💞
Mes lettres du dimanche me demandent beaucoup de travail, j’estime que leur tarif est juste, mais j’ai aussi à cœur de les rendre accessibles.
Inspirée du dispositif d’Océane Sorel, j’offre 10 abonnements annuels à des personnes dans le besoin pour chaque tranche de 100 abonnés payants.
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Ce geste solidaire est rendu possible grâce à celles et ceux d’entre vous qui ont souscrit à ma newsletter payante. Du fond du coeur, merci !
J’adore ces bilans Géraldine. Je m’y suis lancée à mon tour, à ma façon depuis quelques mois. J’ai refais la courbe de mon moral quotidien, je ne me suis pas encore imaginée dans 5 ans, mais j’ai écrit une lettre à mon « moi de janvier 2026 », l’exercice m’a interpelée. il n’est pas si facile, sauf à ne se souhaiter que du bonheur et je ne sais pas ce que j’en tirerai dans 11 mois mais ça aussi c’est une expérience. Sais-tu que Montaigne faisait de même, il notait ses habitudes, mesurait son sommeil, ses réactions à certains aliments …. C’est fascinant. Je relis (à petite doses) ses essais et sa façon de faire l’éloge de l’instant présent est incroyablement moderne. Bref, merci et à jeudi, créneau réservé dans mon agenda, bon WE Géraldine.
Ici aussi grande adepte des produits Roellinger 😋 Grâce à eux j’ai découvert le poivre (que je croyais ne pas aimer !). Je recommande le Voatsiperifery, c’est un faux poivre donc très parfumé mais pas piquant. L’odeur est… indescriptible ! Cela dit, il faut avoir un moulin à poivre, mais ça vaut le coup/coût ! D’ailleurs astuce ultime pour les amateurices d’huîtres : des tours de moulin à poivre Voatsiperifery sur la moitié d’une orange (sanguine, le must) et hop quelques gouttes dans l’huître avant dégustation. C’est une petite folie !
J’ai aussi un gros coup de cœur pour le sel « fleur de lune ». J’ai bien lu que tu salais moins, je sale aussi très très peu et une simple micro pincée de ce sel sur un avocat ou des légumes et c’est le paradis !
Les graines de fenouil aussi, dans une poêlée de légumes = game changer ! (Y’en a ailleurs, mais chez eux je sais que le produit est irréprochable)
Sans parler de leurs vanilles…
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