Il faut que je vous raconte comment tout a commencé.
En 2000, je suis rentrée en France après un an passé à Londres. J’avais 24 ans, je m’apprêtais à chercher mon premier « vrai » job. En transition, je suis retournée vivre chez mes parents. Je me sentais seule. Mes « crises de bouffe » prenaient beaucoup de place. Grâce aux livres de self help découverts en Angleterre, j’avais appris que je souffrais de binge eating. Je n’étais guère plus avancée pour autant.
Internet pénétrait peu à peu les foyers. Je n’avais ni ordinateur ni téléphone portable, mais mon père avait un PC, sur lequel il avait branché un bruyant modem. Un jour, sur AltaVista – le moteur de recherche de l’époque – j’ai tapé « boulimie ». Quelques clics plus tard, je tombais sur boulimie.com.
Ce forum a changé ma vie. Les jours suivants, j’ai expérimenté tout ce qui allait me rendre accro à Internet. Prendre le temps de dérouler mes pensées par écrit. Me raconter sans être jugée. Envoyer à l’univers des confidences honteuses comme autant de bouteilles à la mer. Être en retour lue, écoutée, comprise par de parfaites inconnues. Guetter fébrilement leurs réponses. Essayer de les aider à mon tour. Rire, pleurer, partager par écrans interposés.
Alors que la plupart des gens assimilent l’exposition à une menace, j’ai grâce à ces premiers pas sur le Web été convaincue du contraire : écrire publiquement peut être libérateur pourvu que l'on trouve son safe space. Chaque message, chaque billet de blog, chaque post Instagram est ensuite venu renforcer cette croyance. Je m’exprimais – parfois avec appréhension – et les réponses étaient tour à tour rassurantes, surprenantes, encourageantes. J’ai bien dû recevoir quelques piques, mais elles n’ont pas altéré ma confiance.
Cette confiance, au fil des ans, m’a permis d’ausculter mon rapport au langage. À l’ouverture de mon blog, en 2005, je pensais ne pas savoir écrire. Même parler m’était difficile. Je payais chaque semaine un psy pour qu’il m’apprenne à poser des mots sur mon tumulte intérieur. Écrire un post était un moyen de finir mes phrases. Ça me prenait des heures mais à l’arrivée j’y voyais plus clair. J’avais ordonné le chaos dans ma tête.
La mécanique est désormais mieux huilée, mais elle est toujours à l’œuvre. Je vous écris un mail chaque vendredi par hygiène mentale. Pour savoir où j’en suis, prendre du recul, faire le tri. « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », disait Camus. Trouver les mots justes procure une satisfaction à la mesure de l’effort requis. L’espace d’un instant, les choses sont à leur place.
Et puis il y a la promesse de la conversation. Mon besoin, depuis plus de 20 ans, de me connecter à d’autres. Le plaisir de tisser des relations débarrassées de toute matérialité, au cœur desquelles se mêlent effervescence des idées, quête de validation, entraide, affection, curiosité. Vous écrire ajoute une dimension à ma vie.
Mon atelier, c’est mercredi
Ma newsletter m’apporte tant que j’ai envie que vous vous éclatiez à écrire la vôtre.
J’ai conçu mes deux premiers ateliers en ligne pour vous guider au démarrage. Ce troisième et dernier cours sera différent.
« Comment durer ? Dans les coulisses de ma newsletter » est une véritable leçon d’écriture, personnelle et intimiste, fruit de mes sept ans de pratique.
3e atelier newsletter mercredi 1er mars, de 19h à 20h30
Informations et inscription sur Zoom (35€ le live + replay + support de cours + groupe WhatsApp), garantie satisfaite ou remboursée.
La signature de mon livre au Drugstore Publicis est annulée
Une rencontre autour de L’âge bête était prévue le 9 mars à Paris, mais l’annonce d’une journée de grève reconductible le 7 mars m’y a fait renoncer.
Nouveau : la question de la semaine
J’aime bien tester de nouveaux formats. Lundi dernier, lors d’une séance de questions-réponses sur Instagram, certaines requêtes méritaient plus qu’une story. J’en ai gardé une, à laquelle je réponds ci-dessous. Si d’autres interrogations vous brûlent les lèvres, faites m’en part. J’essaierai de vous répondre, ici ou par mail.
« Qu’as-tu changé dans ton alimentation pour perdre 10kg aussi rapidement ? », Christine, @la_belle_cordiere
J’ai effectivement beaucoup maigri ces derniers mois. C’est dû à des facteurs psychologiques – mes troubles du comportement alimentaire se sont estompés – mais aussi à des changements d’habitudes à table. La lecture du livre de Jessie Inchauspé, Faites votre glucose révolution, a été décisive. Je n’ai pas pris tous ses conseils au pied de la lettre. Je me suis concentrée sur certains conseils, que j’ai adaptés à ma sauce. Elle recommande par exemple de manger les aliments dans un certain ordre : d’abord les légumes (leurs fibres permettent de ralentir le passage du glucose dans le sang), puis les protéines, les graisses, les féculents et finir par le sucre. Elle suggère aussi d’ajouter des légumes en entrée de chaque repas. J’ai donc pris l’habitude de démarrer par des légumes verts au petit-déj, une salade verte au déjeuner, des crudités au dîner. Ce changement a signé la fin de mes fringales. Mieux : le soir, après une assiette de radis, carottes et champignons crus trempés dans du houmous, je n'ai plus faim. Avec un tel système, pas de privation : je continue de manger des frites… mais comme elles arrivent après une salade, des haricots verts et un steak, je m’arrête plus facilement. L’énergie retrouvée donne envie de continuer.
Des liens pour aller plus loin
L’acte d’écrire vu par Christophe André
L’une de ses dernières chroniques revient sur les bienfaits de cet effort si peu spectaculaire.
Le reportage de Florence Aubenas sur la recherche des ancêtres en Ukraine
Ce que j’ai lu de plus touchant cette semaine.
Performer sur LinkedIn
J’ai vraiment du mal avec LinkedIn, mais je ne désespère pas d’y trouver mes marques un jour. Ce podcast de Caroline Mignaux est un super mode d’emploi, aussi efficace que celui d’Aurélie Moulin sur Instagram.
Simone Grace Seol
« Je suis votre mère coréenne », clame Simone sur son compte Instagram. C’est surtout une coach en marketing super drôle et allergique au bullshit habituel de cette discipline. Si vous aimez Brooke Castillo, vous aimerez son podcast Joyful Marketing. Merci Marine pour la reco !
Pourquoi écrire une newsletter ?
C'est chouette Géraldine ce lien que tu créés avec le monde. Une toile tissée de belles choses encourageantes. Une trace lumineuse et bienveillante. Merci
Merci de ce nouveau partage chère Géraldine !
Pour ma part, j'ai longtemps écrit les news à la main dans des lettres envoyées par la poste avec le fameux timbre rouge et j'y ai ainsi depuis très jeune exercé ma prose. Mais aujourd'hui, de par ma pratique du clavier, j'avoue que j'ai beaucoup de mal à écrire à la main et quand je dois le faire c'est presque toujours en mettant du blanc...
Tout comme il m'est plus difficile à présent de faire des chèques et de les signer, car cela se perd ; ce sont la carte bleue et les virements qui les ont remplacés.
Aujourd'hui les mails ont pris la place des missives que j'écrivais jadis (j'en envoie encore quelques-unes par la poste traditionnelle pour de vieilles amies ne maîtrisant pas Internet) et lorsque j'écris à plusieurs personnes à peu près les mêmes détails, je reconnais que - par paresse - je fais pas mal de copier-coller de ce que j'ai réussi à rédiger pour un premier destinataire.
À côté de ça, je réponds par de brefs messages comme ici.
J'apprécie énormément Internet car d'une part, contrairement aux courriers, il n'y a pas à se déranger pour les poster et d'autre part, contrairement au téléphone, nous ne risquons pas d'appeler un interlocuteur au mauvais moment. Le destinataire lira plus tard, lorsqu'il sera disponible.
Et puis, il est toujours possible aussi de programmer un moment d'échange en live !
Bon weekend Géraldine et à la prochaine ! Je t'embrasse,
Christiane