George (Colin Firth) et Jim (Matthew Goode) dans A Single Man.
Cette semaine, je suis tombée sur un passage de mon journal datant de 2021. Je m’y plaignais de ne plus lire autant qu’avant. Moi qui croyais que mes difficultés étaient récentes ! Pourtant, dans mes rêves, mes soirées ressemblent à cette scène du film A Single Man, de Tom Ford, dans laquelle George et Jim lisent tranquillement chacun leur livre, tête-bêche sur le canapé.
Au fond de moi, je suis convaincue que cette image peut devenir ma réalité. Ces derniers temps, je traque donc ce qui m’empêche de lire, et Instagram s’impose comme la première cause de distraction. La plateforme est un formidable outil, je l’apprécie pour plein de raisons, mais elle est envahissante.
Pour récupérer mon libre arbitre, j’ai pris plusieurs mesures dont je vous ai déjà parlé :
- Je poste moins
- J’évite de m’y connecter « juste une seconde pour vérifier un truc » et privilégie des sessions dont je fixe la durée au préalable
- Je n’emporte plus mon téléphone ni à table, ni aux toilettes
- Il n’entre plus non plus dans ma chambre : la nuit je le branche à l’étage du dessous et c’est un réveil-matin qui me tire du lit.
Mais cela ne suffit pas. En parallèle, je procède à d’autres changements plus profonds. Je suis en train de lire Stolen Focus – Why You Can’t Pay Attention, de Johann Hari. Ce livre, pas encore traduit en français, remet les choses en perspective. Ce n’est pas seulement Instagram qui grignote mon « temps de cerveau disponible ». Ce ne sont même pas seulement les réseaux sociaux. Notre société moderne tout entière repose sur l’économie de l’attention. Les entreprises cherchent depuis toujours à capter notre intérêt, mais, avant internet, elles n’avaient pas les moyens techniques de le faire de manière aussi puissante et continue. Aujourd’hui, avec la rapidité des télécommunications, avec l’inventivité des ingénieurs de la Silicon Valley, la pression est exponentielle. Le docu The Social Dilemma en parlait déjà en 2020. Le livre, résultat d’une enquête journalistique auprès de 250 experts, va plus loin.
Je ne vous résumerai pas son contenu maintenant, mais disons qu’il m’aide à avoir une utilisation plus consciente de mon téléphone, des plateformes et des messageries. J’ai supprimé encore plus de notifications et j’ouvre chaque appli en sachant pourquoi j’y vais et pour combien de temps. Instagram, WhatsApp, Gmail s’étaient glissés dans tous les temps morts de ma journée. Je récupère un à un ces interstices et en utilise certains pour lire un livre.
À côté de cela, ma façon de lire a évolué. J’ai revu mes ambitions, abandonnant au passage toute logique de performance. Je ne me demande plus combien de livres je vais réussir à lire dans l’année, ou si je lis le bon livre, celui dont tout le monde parle, celui qui me cultiverait assez. Lire est devenu un état. Je lis matin, midi et soir, peu importe quoi du moment que cela me procure une sensation de bien-être. En ce moment, ce sont des ouvrages de développement personnel, un genre moins glorieux que le roman. Je m’en moque. J’en lis plusieurs à la fois, je prends mon temps, je les vois comme des compagnons de route. Je ne suis plus pressée : ils me font déjà du bien.
J’ai aussi compris que, compte tenu de mes difficultés à me concentrer et de la force des distractions alentour, je devais adopter une démarche plus active. Non seulement je me ménage du temps pour lire, mais je n’ai jamais accordé autant de soin à la liste de mes prochaines lectures. Je l’affine en allant feuilleter des livres en librairie, en notant vos recommandations, en lisant des articles, en écoutant des podcasts. Pour me motiver, ma liste doit briller de mille feux, regorger de titres que je meurs d’envie d’entamer… mais que je ne m’autorise à acquérir que lorsque je suis prête à les commencer sur le champ. Ces dernières années, voir les livres non lus s’accumuler dans ma bibliothèque me déprimait trop. Mon but désormais est d’aiguiser mon désir en limitant les achats. En 2023, pour quelqu’un comme moi, lire est devenu un défi. Je me donne les moyens de le relever.
Stolen Focus m’a aussi incitée à mettre sur la table familiale un sujet qui chez nous tient du serpent de mer : le temps d’exposition aux écrans de notre fils. A priori, la situation n’a rien d’alarmant : à 12 ans, il est l’un des seuls élèves de sa classe de 5e à ne pas vouloir de téléphone. Il n’aime pas non plus les jeux vidéo, et nous n’avons pas la télévision. Avec Mark, nous avions donc jusque-là plutôt eu tendance à le laisser libre de faire ce qu’il voulait sur son ordinateur, nous contentant de surveiller le thème des vidéos regardées grâce au contrôle parental. En revanche, il lisait très peu de livres, et c’est à ce sujet que Stolen Focus a joué le rôle de sonnette d’alarme. J’ai réalisé que si l’on ne réagissait pas, notre enfant risquait de passer à côté du plaisir de la lecture. Ouvrir un livre demanderait toujours plus d’efforts que d’aller sur YouTube. Il fallait l’aider, poser un cadre, le soutenir.
On en a discuté tous les trois la semaine dernière. On a convenu que son temps d’ordinateur serait limité à 1h par jour en semaine, 2h par jour le week-end (plus le film regardé le vendredi soir avec son père). On a aussi établi un rituel : après le dîner, de 20h30 à 21h, il vient lire avec nous à la table de la salle à manger.
Au début il a eu peur, puis j’ai eu la surprise de constater que ces nouvelles règles le rassuraient. Lui-même sentait qu’il regardait un peu trop de vidéos. Notre embryon de système l’encourage à faire autre chose. Et le soir, nos moments de lecture à trois commencent à vraiment ressembler à la scène du film de Tom Ford.
Je ne crie pas victoire pour autant. La pollution numérique est un mal rampant. Je me fais l’effet de lutter individuellement contre des tempêtes de sable qui nécessiteraient une régulation collective. Aucune solution n’est définitive. Mais mes mesures ont quand même un effet. Tout cela n’est pas vain. J’ai le pouvoir de décider à quoi je veux passer mes journées.
Je vous invite à mon atelier d’écriture chez Sézane à Aix-en-Provence
Trois mois après mon premier événement chez Sézane à Paris, je suis très heureuse de vous convier à un nouvel atelier sur le flot de pensées, en présentiel, cette fois à l’Appartement d’Aix-en-Provence.
Si vous me suivez depuis longtemps, vous savez l’importance que j’accorde à mes trois pages d’écriture libre et manuscrite au réveil. J’écris ainsi depuis plus de cinq ans, quasi quotidiennement. Un véritable voyage intérieur ! Cette pratique a changé ma vie : elle m’aide à évacuer mon stress, clarifier mes idées, formuler mes rêves, analyser mes difficultés, retenir les moments doux... la liste de ses bienfaits est sans fin.
Cet outil surpuissant est modulable à l’infini. Je l’utilise au réveil, mais pour d’autres il marchera plutôt en fin de journée.
Mon but est de vous aider à vous approprier cet outil dans un environnement chaleureux et bienveillant. Les invitées du premier atelier peuvent en témoigner : l’énergie collective dégagée ce soir-là était palpable.
Mon cours se tiendra le lundi 2 octobre de 18h30 à 20h, à L’Appartement Sézane, 5 rue Papassaudi, 13080 Aix-en-Provence. Il sera suivi d’un temps d’échanges, de 20h à 21h.
L’événement est gratuit, merci Sézane !
Pour vous inscrire, suivez ce lien. Faites vite, le nombre de places est très limité.
Et si vous n’êtes pas à Aix le 2 octobre ou si l’événement est déjà complet quand vous lisez ces lignes, pas de panique : j’organiserai une version en ligne de cet atelier le mercredi 18 octobre.
Prochain atelier sur Zoom : Quelles images pour affirmer son identité sur Instagram ?
Mercredi 27 septembre 2023 - 19h-20h30 - Live et replay
Mon utilisation raisonnée d’Instagram me donne envie de vous aider à vous en servir encore mieux. De n’y passer que le temps nécessaire et d’y poster des contenus de qualité et porteurs de sens. Dans cet atelier, je vous donnerai les clés pour apprendre à vous raconter en photos et en reels, que votre usage soit personnel ou professionnel.
Au sommaire :
1 Définir l’identité et les thématiques de votre compte
2 Partir de vous pour trouver votre style à l’aide d’exercices introspectifs
3 Nourrir votre exigence esthétique
4 Connaître les règles d’Instagram
5 Action ! Mes exercices pratiques pour vous lancer.
En bonus : le groupe WhatsApp des inscrits
Une mini-communauté pour vous soutenir et prendre confiance.
Inscription sur Zoom via PayPal
Si vous préférez un paiement par virement, écrivez-moi à geraldinedormoy@gmail.com.
Facture disponible sur demande.
Tarif 38€ : live + replay permanent + support de cours + accès au groupe WhatsApp.
Satisfait.e ou remboursé.e
Inscrivez-vous sans hésiter : vous avez 60 jours pour changer d’avis, avec ou sans explication.
2 autres lectures que je peux te conseiller sur le sujet:
- Indistractable (https://www.goodreads.com/book/show/44595007-indistractable)
- How to do nothing (https://www.goodreads.com/book/show/42771901-how-to-do-nothing)
le second etant plus poetique, general. bonne lecture 🤙
Merci Géraldine pour ton témoignage !
J'aime beaucoup la notion de "rituel" et de sacraliser ce temps hors connexion. Au début, ça peut paraître factice mais à force d'habitude, je trouve qu'on se relie / relit pour de vrai !
et bon week-end à toi