Je crois que la prise de conscience remonte à l’épisode de l’expresso.
Xavier, un ami d’ami, était de passage à la maison. C’était le matin, je lui ai proposé un café. Alors que nous savourions nos petits noirs dans la cuisine, il m’a demandé où je me fournissais. Je lui ai répondu que je commandais des capsules souples sur le site d’Illy. Mon ton était aussi nonchalant que celui de Vic et Pénélope dans la scène de l’invitation de La Boum. En vrai, je lui annonçais le résultat de mois de recherches.
Depuis l’année dernière, je suis accro au café. J’ai longtemps cru que je n’aimais plus ça, et puis quand j’ai arrêté l’alcool et le Coca Zéro, il a bien fallu que je me trouve autre chose. C’est tombé sur l’expresso, sans sucre, bien serré. À l’extérieur, je bois n’importe quelle marque, mais chez moi j’ai envie de retrouver la suavité d’un ristretto italien. J’ai décrété que celui que Mark buvait n’était pas à mon goût et me suis mise en tête de tester toutes les références compatibles avec sa machine Black & Decker – Mark n’est pas très friand du système Nespresso. Mon choix s’est donc arrêté sur des Illy, que je commande en quantité déraisonnable.
« Tu devrais aller au magasin Au nom du café, c’est le meilleur torréfacteur de Montélimar, m’a recommandé Xavier. Ils ont une offre de grains incroyable. Et puis chez moi j’ai une machine avec un moulin, le parfum d’un café fraîchement moulu est incomparable. »
Les propos de Xavier ont amorcé une partie de flipper dans ma tête. Moi aussi je voulais du super café du super torréfacteur. Peut-être en avait-il un encore meilleur que mon Illy ? Une méga séance de dégustation s’imposait. Mais ce qui serait encore mieux, ce serait de changer de machine, pour en avoir une qui moud le café, comme celle de Xavier ! J’étais à la fois excitée par mon nouveau projet et effarée par le temps que cela allait me prendre.
Après son départ, je suis allée méditer dans mon bureau avant de démarrer ma journée de travail. Au bout de dix minutes les yeux fermés, j’ai réalisé que je n’allais rien faire du tout. Cette histoire de café soulevait une fatigue décisionnelle aussi soudaine qu’absurde. Je n’avais ni les moyens ni l’envie de changer de machine, j’avais autre chose à faire que d’aller tester des expressos dans une boutique sans charme, mais surtout : j’étais très contente de mon café actuel, dont la recherche m’avait déjà coûté. Le soulagement ressenti en rouvrant les yeux m’a confirmé que je venais de stopper net une crise de FOMO (Fear of Missing Out, peur de rater quelque chose).
Les jours suivants, je me suis rendu compte que cette quête du toujours-plus-de-raffinement était chez moi un mode par défaut dont je ne voulais plus. Début août déjà, je vous parlais de mon aspiration à enlever plutôt qu’ajouter. Mon penchant pour la surconsommation vient de loin, il y a encore du boulot, mais j’avance. J’ai par exemple décidé que je ne changerai plus de crème hydratante. Celle que j’ai choisie avec soin me convient. Il y en a sûrement de plus efficaces, remarquables, novatrices. Il y en aura toujours. Ma peau va continuer d’évoluer et peut-être que mes besoins changeront. Mais en attendant, je n’y pense plus. Je réserve mon attention à autre chose.
Au-delà du champ matériel, l’un de mes buts dans la vie désormais est de réduire le nombre de décisions à prendre afin de me concentrer sur l’essentiel. J’en reviens toujours à l’histoire des costumes de Barack Obama : durant sa présidence, l’homme d’État à l’emploi du temps chronométré portait toujours les mêmes modèles de chemise, veste, pantalon, afin de ne pas perdre un instant à réfléchir à sa tenue. Je ne suis pas accaparée par autant de responsabilités et j’aime trop les vêtements pour m’habiller tous les jours pareil, mais pour moi aussi les journées n'ont que 24 heures et mes capacités décisionnelles sont limitées. J’apprends donc à prioriser et à me libérer de toute charge mentale superflue.
Résister aux distractions est un effort constant pour mon tempérament boulimique. Si je m’écoutais, j’accepterais toutes les missions, tous les rendez-vous, toutes les invitations. Je répondrais à tous les messages. J’entrerais dans toutes les boutiques. Mais avec l’âge, je m’éparpille moins.
Je pars davantage de mes besoins, que je prends régulièrement le temps de redéfinir. Je garde à l’esprit mes objectifs, que je me fixe pour la journée, la semaine, le mois, l’année. Quand un nouvel élément se présente, je le filtre à travers une grille de lecture plus fine qu’avant : est-ce que j’ai l’envie, l’énergie, le temps, l’argent pour dire oui ? Pour répondre, je m’appuie sur un grand cahier – dans lequel j’ai revu mon système d’agenda et de to do lists – et sur mes comptes quotidiens – qui me permettent de rester consciente de mes moyens et de mes dépenses à venir.
Ces outils m’aident à respecter mes limites. Je dis plus souvent non. Cela dit, mon système demeure faillible. Je me laisse encore embarquer, je me trompe dans mes estimations, mon organisation a des ratés. Quand ça menace de déborder, plutôt que de rester dans le déni, j’enlève, je reporte, j’annule. À regret, au risque de décevoir, mais avec soulagement.
Atelier en ligne mercredi prochain : s’ouvrir à l’écriture par le flot de pensées
Ces derniers mois, j’ai pu grâce à Sézane vous proposer deux ateliers d’écriture en présentiel sur le flot de pensées. Beaucoup d’entre vous ont émis le souhait de pouvoir en profiter, même à distance. J’ai donc pensé une version en ligne. L’énergie ne sera pas la même, nous ne vibrerons pas ensemble dans un même espace physique, mais l’exploration intérieure n’en sera que plus forte et la dimension collective existera grâce à l’espace de discussion et au groupe WhatsApp reliant les participant.es.
Mais qu’est-ce que le flot de pensées ? Il s’agit d’un exercice d’écriture libre, fait à la main plutôt qu’au clavier. On déverse sur la page d’un carnet ce que l’on pense, on se vide littéralement la tête pour laisser les idées et les envies nouvelles émerger. Sans pression, juste pour soi. Et la magie opère.
J’écris un flot de pensées chaque matin depuis plus de cinq ans, sous la forme de trois pages manuscrites au réveil. Cette pratique a changé ma vie. Outil d’introspection surpuissant, le flot de pensées permet de décharger son stress, clarifier son esprit et laisser place à l’inattendu. C’est le meilleur moment de ma journée. Un rendez-vous avec moi-même dont je ne peux plus me passer.
L’écriture n’est pas réservée aux écrivains et aux journalistes. Elle est à tout le monde, mais au pays de Victor Hugo, elle intimide. J’aimerais vous aider à vous la réapproprier à travers un atelier mêlant théorie et pratique.
Au sommaire de l’atelier :
1 - Qu’est-ce que le flot de pensées
2 - Les bienfaits du flot de pensées
3 - Exercice d’écriture
4 - Obstacles et solutions.
Mercredi 18 octobre de 19h à 20h30 sur Zoom.
Tarif 38 euros : live + replay permanent + support écrit + groupe WhatsApp reliant les participants.
1h de cours et d'exercices pratiques puis 30 minutes de questions-réponses.
Paiement via PayPal.
Si vous préférez un paiement par virement, écrivez-moi à geraldinedormoy@gmail.com.
Facture disponible sur demande.
Satisfait.e ou remboursé.e
Inscrivez-vous sans hésiter : vous avez 60 jours pour changer d’avis sur simple mail, avec ou sans explication.
Live Instagram lundi 16 octobre à 19h
Ce sera l’occasion de vous en dire plus sur l’événement, mais aussi d’échanger sur votre rapport à l’écriture et sur d’éventuelles prochaines thématiques d’ateliers.
Replay de mon atelier Quelles images pour affirmer son identité sur Instagram ?
Le 27 septembre, je tenais sur Zoom un atelier d’1h30 afin de vous aider à transposer votre univers en photos et en reels.
J’y ai notamment expliqué comment :
- Définir l’identité et les piliers de contenu de son compte Instagram
- Partir de soi pour trouver son style
- Nourrir une exigence esthétique£
- Connaître les règles d’Instagram
- Passer à l’action.
Le replay permanent est toujours disponible (38€) en suivant ce lien.
Vous aurez alors également accès au support du cours et au groupe WhatsApp reliant les inscrites.
Bonjour Géraldine - merci beaucoup pour ce récit qui m’a beaucoup frappée et dans lequel je me vois. Ça me pousse vraiment de m’en examiner là-dessus.
Je voulais vous remercier aussi pour les enregistrements audio que vous faites de vos récits ici sur Substack. En tant qu’américaine et donc étudiante éternelle de français, je trouve merveilleux le fait que je peux à la fois lire ET écouter vos publications. C’est vraiment un outil pour moi d’améliorer mon français. D’habitude je commence tout d’abord à l’écoute, puis je l’écoute une deuxième fois en lisant le texte. Alors vos publications écrite et orale servent également comme des petites leçons parfaites en français, aussi bien que les pépites de sagesse. 🙌 Merci énormément pour le tout de votre travail. J’en suis très reconnaissante. ❤️
Alors là, bravo Géraldine pour cette incroyable maîtrise de soi ! Je me reconnais tout à fait dans ce problème de crise de fomo et je suis admirative de votre session de méditation qui vous a stoppé net dans votre élan. Chez moi, une crise de fomo peut me ronger (je n’exagère pas) pendant des semaines (mois ?) nuit et jour. D’ailleurs, j’ai bien sur succomber à la folie du café de torréfacteur et tous les accessoires qui vont avec. J’en suis très heureuse mais est ce que je suis plus heureuse qu’à l’époque où je n’utilisais que ma cafetière italienne avec du café moulu de supermarché ? Pas sur. Merci pour cette excellente newsletter !