Le 3 août 2022, j’ai arrêté de boire. Je n’étais pas alcoolique, mais il y a quand même eu un avant et un après. Je vous en avais déjà parlé début septembre, dans une précédente newsletter sur mes troubles du comportement alimentaire. Car alcool et compulsion, chez moi, sont liés : en été, à l’apéro, je ne buvais guère plus qu’un cocktail, mais cela suffisait à lever tous mes freins. Après un negroni, je mangeais n’importe quoi, sans pouvoir m’arrêter. C’est pour ça que j’ai stoppé l’alcool : pas pour ne plus trop boire mais pour ne plus trop manger.
Que s’est-il passé depuis cet arrêt ?
J’ai dû chercher une solution de remplacement à l’apéro. Un exercice d’autant plus délicat que j’ai arrêté le Coca Zéro au même moment. Vous consulter sur le sujet m’a fait prendre conscience que le mouvement était général. Nous étions nombreuses à avoir envie d’autre chose que d’une boisson sucrée ou d’un Perrier. J’ai proposé un article sur la tendance NoLo au magazine Marie Claire, qui a accepté. Cela m’a permis de recueillir vos témoignages – merci ! –, de creuser le sujet avec les addictologues Jean-Pierre Couteron et Elsa Taschini, puis d’explorer l’offre existante. Pour cela, j’ai poussé la porte du Paon Qui Boit, première cave parisienne zéro alcool. Son fondateur, Augustin Laborde, m’a accueillie si chaleureusement qu’il est devenu mon guide. Sur ses conseils, j’ai contacté de nombreuses marques, qui m’ont promptement envoyé leurs produits, fières de faire découvrir le fruit de leurs recherches.
J’ai tout fait goûter à mon entourage. ALAVIE s’est imposée comme la plus séduisante alternative au kir royal. Amateur de gin tonic comme beaucoup d’Anglais, Mark a testé la plupart des « faux gins ». Botaniets est sorti du lot, au point qu’il en boit désormais régulièrement en semaine. Amateur de vin rouge et de rosé, il était sceptique… Surprise ! Deux marques recommandées par Augustin ont trouvé grâce à ses yeux : Équilibre Zéro – Rosé et Rouge – et Uby Zéro.
De mon côté, j’ai commencé par les excellents jus de fruits pétillants Unaju, pour me rendre compte que c’était encore trop sucré et pas assez « festif » pour moi. Aujourd’hui, mon chouchou absolu est Jardins Suspendus, création d’Alix et Henri, deux jeunes Français passionnés de mixologie. La bouteille est magnifique, le contenant à base d’oranges amères et de romarin est aussi raffiné que surprenant. Comme ça reste difficile à trouver à Montélimar, je me rabats souvent sur Gimber, au gingembre, devenu la référence haut de gamme de l’apéritif sans alcool – ma préférence va à leur Sweet Lilly, aux notes d’ananas et de fruit de la passion. Dans les deux cas, je m’en sers un fond, puis je remplis le reste du verre de 2/3 de Schweppes Zéro et d’1/3 d’eau pétillante. Un délice que je m’octroie presque tous les soirs.
Les conséquences de cette nouvelle habitude ne se sont pas fait attendre. Physiquement, j’ai perdu du poids, mon psoriasis s’est atténué, ma peau est devenue plus souple. Psychologiquement, j’ai eu l’impression de (re)devenir moi-même. Au fond, je savais que l’alcool n’était pas pour moi. Depuis des années, je suivais les autres alors que tout mon corps rejetait ce qui n’était pour lui qu’un poison. La plupart du temps, j’avalais même de travers la première gorgée de mon cocktail, un signe qui ne trompe pas ! Cinq minutes plus tard, je somnolais. À table, on se moquait gentiment de moi. Il était temps que cela cesse.
J’ai opté pour l’arrêt total car c’est ce qui marche sur moi. Mon tempérament prompt à l’addiction préfère l’abstinence à la modération. Depuis mon cancer du sein en 2017, je ne mange plus de sucre raffiné : une délivrance ! Mais j’ai conscience que ce sont des choix radicaux. Je ne cherche à convaincre personne de faire pareil. En revanche, je me réjouis que les mentalités soient de plus en plus ouvertes à la sobriété, comme je l’ai écrit dans mon article, qui vient de paraître. J’étais tellement passionnée par mon sujet que je n’ai pu y mettre tout ce que j’avais à dire. Vous trouverez donc ci-dessous, en bonus, une interview de Benoît d’Onofrio, sommelier d’un genre nouveau, et mes recommandations de boissons sans alcool testées et approuvées. Tchin !
Benoît d’Onofrio, profession « sobrelier »
J’ai découvert Benoît d’Onofrio grâce à Augustin Laborde, du Paon Qui Boit. Si l’offre sans alcool s’est beaucoup développée en magasin, les restaurateurs traînent encore les pieds. J’avais besoin de l’avis d’un professionnel du secteur. Benoît est le sommelier de la cheffe Manon Fleury. Ensemble, ils explorent des saveurs hors des sentiers battus. En novembre dernier, un mois avant la fermeture de leur résidence au Perchoir Menilmontant (Paris XIXe), je me suis offert leur menu dégustation. Chaque plat y était accompagné d’une création de Benoît. Une expérience gustative éblouissante.
Votre métier est de choisir des vins mais vous ne buvez plus. Pourquoi ?
Parce que je suis alcoolique. Pendant 20 ans, je me suis réveillé avec la gueule de bois. Je ne tenais pas mes engagements professionnels, je vivais dans la brume, je me faisais mal. J’ai décidé d’arrêter, tout en continuant à prendre du plaisir. Maintenant je goûte, puis je recrache. J’ai réalisé que j’étais plus intéressé par les artisans et les histoires humaines autour des boissons que par les boissons elles-mêmes. Je suis sobre depuis plus d’un an. En parler me permet de tenir le cap.
L’offre de boissons sans alcool s’étend, mais dans les bars et les restaurants, la carte des softs reste limitée… Cela finira-t-il par changer ?
À Paris, nous sommes encore peu nombreux à y travailler, mais j’ai bon espoir que d’autres nous emboîtent le pas. La demande est là, mais elle est invisibilisée. Au restaurant, beaucoup de clients aspirent à la retenue mais les propositions sont si pauvres qu’ils finissent par boire. Il en va pourtant de notre responsabilité : ne sommes-nous pas là pour encourager les gens à faire attention à eux ? Pour les accompagner dans l’évolution de leurs modes de vie ? Je suis étonné que tant de grands établissements soignent leurs plats comme de la dentelle et proposent de multiples références d’apéritifs et de vins, mais que leur carte de boissons sans alcool ne soit pas à la hauteur de leur engagement en cuisine. Il y a un décalage.
Comment travaillez-vous ?
J’ai la chance de collaborer avec Manon Fleury, une cheffe formidable qui a accepté mon idée d’accord met-boisson sans alcool. Elle m’offre toute latitude pour élaborer des breuvages maison. Je travaille les produits bruts fournis par nos maraîchers, j’en fais des décoctions, des infusions, des extractions de jus… Je vise l’inédit plutôt que le succédané.
Dans l’esprit de beaucoup, un homme doit savoir « tenir l’alcool ». Faites-vous un lien entre alcool et patriarcat ?
Oui. On baigne dans un environnement culturel où savoir choisir une bouteille permet d’assoir son pouvoir, par exemple. L’alcool est perçu comme une source de virilité. Les femmes, en revanche, ne doivent pas boire quand elles sont enceintes car l’alcool représente alors un danger pour leur progéniture. Mais il viendrait à l’esprit de très peu d’hommes de s’abstenir pour accompagner leur conjointe ! Au contraire, le stress lié à la naissance leur donne des raisons de boire davantage. On réapprend pourtant beaucoup en arrêtant. On reprend confiance en soi.
Ma sélection de boissons sans alcool peu sucrées
« Vins »
Équilibre Zéro Rosé du Domaine de L’Arjolle, un vin Syrah-Cabernet désalcoolisé à la robe claire et aux notes de fruits rouges.
Mais aussi le surprenant Équilibre Zéro Rouge et Uby Zéro Alcool Rosé, désalcoolisé à base de raisins biologiques.
Fines bulles
ALAVIE Royal Cassis, un air de kir royal festif et goûteux.
Mais aussi French Bloom – premium et plus sucré –, Pierre Zéro Signature – aromatique et fruité – et Petit Béret Blanc de Blancs – sans fermentation.
Spiritueux
Jardins Suspendus, un poème en bouteille inspiré des bitters italiens, pour un étonnant néo-spritz.
Mais aussi Botaniets, distillé aux Pays-Bas et embouteillé en Belgique, convaincante alternative au gin, Sober-Rum, au parfum bluffant, parfait pour un virgin mojito, le pionnier Gimber, mélange rafraîchissant de gingembre, citron, herbes et épices, et Cristal 100, « anisette » marseillaise sans sucre.
Bières
N°5 Nolow, bio et brassée en France, 0,5% d’alcool, notes citronnées et fruitées rappelant les grosses IPA US houblonnées.
Mais aussi Petit Béret Blonde Craft, 0% d’alcool, mousseuse et équilibrée, et Athletic Brewing brassée artisanalement aux États-Unis.
Boissons douces
Unaju, des jus naturels bio finement pétillants mariant fruits et plantes avec subtilité.
Mais aussi les sodas bio Mona, les kéfirs (boissons fermentées pétillantes) de La Brasserie Parallèle et du Labo Dumoulin, Club-Mate aux propriétés stimulantes et les eaux botaniques aux plantes distillées Hyca.
Un podcast pour aller plus loin
La chanteuse Rose a lancé à l’automne Contre-Addictions, un podcast « pour les gens qui se donnent du mal pour aller bien ». Au fil de discussions avec des invités addicts ou ex-addicts, des thérapeutes ou des auteurs, elle interroge sa propre relation à la cocaïne ou à l’alcool.
C’est sincère, fouillé, décomplexant. Ça permet de poser plein de nouveaux mots sur des ressentis enfouis. C’est le meilleur podcast que j’ai écouté depuis longtemps.
L’épisode avec Carla Bruni, en particulier, m’a époustouflée. Celui avec Benoît d’Onofrio – encore lui ! - est très bien aussi, tout comme ceux avec Frédéric Beigbeder et l’addictologue Laurent Karila.
Mes ateliers newsletter
J’ai commencé mercredi dernier une série de cours en ligne « Réussir sa newsletter ».
L’atelier 1 « 10 conseils pour réussir le lancement de sa newsletter » a rassemblé plus de 100 inscrites, merci pour votre confiance ! Le replay est disponible ici (35€), avec un accès (sur demande) au groupe WhatsApp des participantes.
L’atelier 2 d’approfondissement se tiendra le mercredi 1er février de 19h à 20h30. Les inscriptions sont ouvertes (35€ le live + le replay 30 jours).
Satisfait.e ou remboursé.e : mon dernier cours vous a déçu.e ? Vous ne souhaitez plus assister au prochain ? Vous avez 60 jours pour changer d’avis. Envoyez-moi un mail, je vous rembourserai.
Signatures en librairies – attention changement !
En raison des grèves de jeudi prochain, la rencontre au Drugstore Publicis prévue le vendredi 20 janvier est reportée au jeudi 9 mars, de 18h30 à 20h.
Pas de changement pour la rencontre vendredi 27 janvier à 19h à la Nouvelle Librairie Baume, 52 rue Pierre Julien, 26200 Montélimar. L’entrée sera libre, venez me dire bonjour !
J’y signerai mon livre L’âge bête, paru aux éditions Robert Laffont.
Ma précédente newsletter
Il semblerait que mon bilan vestimentaire 2022 ne soit pas arrivé dans toutes vos boîtes mail. Si vous l’avez manqué, vous pouvez le lire sur ici.
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Mille mercis Géraldine pour cette newsletter passionnante ! Justement, comme beaucoup de gens visiblement, j'étais en recherche du plaisir de l'opéra sans l'alcool. Je prends un lourd traitement médicamenteux, et quand je bois, je le paye (trop) cher ! Alors toutes ces propositions sont une aubaine pour moi. Ps j'ai beaucoup aimé celui sur votre dressing, et noté de super bonnes idées. Bref, j'adore vous lire. Vous êtes rafraîchissante, sincère, drôle, pétillante comme un bon apéro sans alcool ! Merci merci merci !
Merci Geraldine, tres interessant! 🍹