
Il y a deux semaines, j’ai dressé ici la liste de mes 12 questionnements récurrents. “Comment bien vieillir ?” n’en faisait pas partie. J’ai réalisé peu après, au détour d’un post Instagram, que j’avais occulté la question. Parce qu’elle était trop énorme ? Probablement. N’étant pas du genre à laisser les choses embarrassantes cachées sous le tapis, j’y viens aujourd’hui. Sans pression : l’interrogation est trop existentielle pour que j’aie la prétention d’y répondre en une lettre. Je préfère me contenter de vous dire ce qu’elle m’évoque, à 49 ans.
Bien vieillir, j’y pense en fait tellement que c’est la clé de voûte de mes fameux questionnements récurrents. Si je veux me calmer, tisser des liens, percevoir la beauté, écrire ma vie, prendre soin de mon corps, comprendre le monde… c’est pour pouvoir profiter de tout cela longtemps, dans les meilleures conditions possibles.
Pourtant, bien vieillir, c’est plus que cela. C’est envisager ma propre finitude, et donc me préparer à mourir. J’y pense tous les jours, mais je n’ai pas envie d’en parler avec vous aujourd’hui. Le sujet est trop intime, trop grave, trop polémique. Vous pouvez m’écrire à ce propos si le cœur vous en dit, votre réflexion nourrira la mienne, mais pour le moment je préfère la laisser mûrir à l’abri des débats en ligne.
Sur une note plus légère, bien vieillir c’est aussi me poser des questions très pratiques sur les effets de l’âge, notamment : jusqu’à quand vais-je me teindre les cheveux ? Plusieurs de mes amies sont “en transition”. Je les écoute avec avidité me raconter leur expérience des cheveux bicolores, mais aucune n’est rousse. Or passer du roux au gris est une interrogation en soi. Ma rousseur est constitutive de mon identité. Qui suis-je sans ma rousseur ? Je ne suis pas encore assez curieuse de le découvrir pour sauter le pas.
J’ai la frousse. Toute ma vie, je me suis appuyée sur la flamboyance de ma chevelure. Je ne suis pas prête à renoncer à ce signe distinctif, bien qu’il soit de moins en moins naturel. C’est autant une question d’ego que de goût : j’ai peur de l’inconnu et j’adore les jeux de couleurs que mon cuivré me permet, vestimentairement. Je carbure au changement, je sais donc qu’un jour, la curiosité et la flemme de me rendre chaque mois chez le coiffeur l’emporteront… un jour, pas tout de suite.
Il y a aussi la question de la ménopause. Pour le moment, mes prises de sang m’indiquent que je ne suis pas encore entrée dedans. J’ai la chance de côtoyer tant de femmes concernées que je me sens plutôt bien informée sur ce qui m’attend. Et l’hormonothérapie que j’ai reçue après mon cancer du sein m’y a préparée, provoquant artificiellement certains effets. Tout cela me rend plutôt confiante : je sais que des turbulences sont à prévoir, mais j’ai déjà préparé le terrain, par une hygiène de vie adaptée (alimentation, sport, pratiques méditatives).
En ce moment, je songe davantage à ma posture. On a tendance à se voûter avec l’âge, encore plus quand on mesure 1,78m. Aider ma grande carcasse à se tenir droite est une des raisons qui m’ont poussée à reprendre le yoga. Je tiens à garder une attitude d’ouverture, à continuer de respirer à pleins poumons, pas à me recroqueviller sur moi-même. Je sais le combat perdu d’avance, l’attraction terrestre plus forte que tout, mais voilà encore une chose que l’âge m’apprend : à agir sans illusion.
Bien vieillir, enfin, c’est vivre ce que Jung appelait le processus d’individuation. Une transformation intérieure qui nous permet de devenir enfin pleinement nous-même, une personne individuelle, aux différentes facettes unifiées. Longtemps, on essaie tant bien que mal de faire ce que la société attend de nous, dans le but de nous intégrer. Avec la maturité, le besoin de s’accomplir prend le dessus. Vient un moment où l’on estime que l’on a assez écouté les autres, qu’il est temps de se brancher sur soi, pour trouver sa propre voie. Christophe Fauré en parle très bien dans son livre Maintenant ou jamais ! – La transition du milieu de vie.
En quittant Paris et le salariat, j’ai amorcé le processus. Mais plus ça va, plus je réalise que cette métamorphose ne se vit pas uniquement sur le plan professionnel ou géographique. Bien vieillir, c’est me connecter chaque jour plus puissamment à mon énergie vitale. Comprendre un peu plus finement mon fonctionnement intérieur. Capter mes signaux internes, me traiter en amie, ne plus forcer. Savourer, patienter, renoncer, agir au bon moment, sans rien attendre en retour. Je n’y arrive pas toujours, mais c’est ma ligne d’horizon.
J’allais m’arrêter là, quand un petit tour sur Instagram en a décidé autrement. Ce matin, peu après avoir posté la photo de la dame ci-dessus - incarnation pour moi du “bien vieillir” - Andrés Oyuela, le photographe, m’a écrit pour me remercier de mon post. N’en croyant pas ma chance, je lui ai demandé s’il se souvenait des circonstances dans lesquelles il avait pris sa photo. Sa réponse est si charmante que je la partage avec vous.
“J’étais dans une petite ville, juste à l’extérieur de San Francisco, pour déjeuner. Les huîtres y sont réputées les plus fraîches de la région. Le restaurant n’ouvrait que pour le déjeuner. Il était construit exactement comme la cabane que l’on voit à la fenêtre, à côté de la dame. Juste au bord de l’eau.
C’était un endroit où la plupart des gens étaient plutôt âgés. Elle était là, seule, en train de manger ses huîtres, avec un Coca-Cola et des frites. Elle m’évoquait un personnage de Van Gogh dans un décor de Vermeer.
La voir manger avec autant de simplicité et d’assurance m’a donné quelque chose à espérer pour l’avenir.
Alors j’ai simplement sorti mon téléphone de ma poche et j’ai pris la photo.”
Et si on parlait de votre compte Instagram ? ☀️
Quand je ne prépare pas une newsletter ou un atelier, je fais du coaching digital. Je m’exprime sur les réseaux depuis 20 ans : une expérience au long cours bien utile pour saisir des problématiques variées.
Loin des recettes toutes faites, j’ai à cœur de vous aider à identifier vos aspirations et vos résistances, afin de vous permettre de vous exprimer à votre tour, de manière authentique et efficace.
Ma proposition, en une séance d’une heure, en visio ou en présentiel :
- Avoir étudié au préalable votre présence en ligne
- Écouter votre histoire
- Capter vos aspirations
- Percevoir votre potentiel
- Initier un changement de perspective.
Souvent, une seule séance suffit à impulser un nouvel élan.
Vous hésitez ? Prenez rendez-vous pour un diagnostic gratuit de 15 minutes. Cela sera suffisant pour explorer ensemble des pistes de réflexion.
Le récit des circonstances de la photo est merveilleux ! ce n'est pas La Jeune Fille à la perle mais La Vieille Dame et ses huitres (perlières?).
Ce questionnement me surprend toujours un peu, non pas que je sois au-dessus de toutes ces considérations, mais cela sous-entend une approche très linéaire de l’âge qui m’échappe totalement. Je suis rarement mon âge arithmétique en réalité, mes articulations me disent que je suis beaucoup plus et à plein de moments j’ai l’impression d’être une gamine ( ce qui peut être un sujet j’en conviens) Donc en réalité, je pense que j’ai les mêmes préoccupations mais avec comme mantra comment bien vivre là aujourd’hui.
Et sinon je ne pense pas que votre flamboyance réside uniquement dans la couleur de votre chevelure. 😉