Vous vous souvenez de ma newsletter sur les « moments », ces instants de grâce qui nous prennent par surprise ? J’en ai vécu un très fort lundi soir. J’animais pour la première fois, chez Sézane, un atelier sur le flot de pensées. À L’Appartement de la rue Saint-Fiacre, à Paris, j’avais devant moi 30 lectrices invitées. J’ai commencé par leur donner ma définition du flot de pensées : un exercice d’écriture sans filtre, fait uniquement pour soi. J’en ai égrené les bienfaits, aussi puissants que ceux de la méditation, puis j’ai proposé qu’elles en fassent un, pendant dix minutes. Elles se sont lancées. Je les ai regardées écrire. La magie était là, sous mes yeux. Les jours précédents, plusieurs avaient pourtant confié leurs difficultés. Elles étaient convaincues que cet outil pouvait les aider, certaines l’avaient déjà utilisé… pour finalement l’abandonner.
Après l’exercice, je leur ai demandé de dire dans quel état elles s’étaient senties pendant la rédaction. Je m’attendais à les entendre parler de leurs freins. Je n’y étais pas du tout. « Inspirée », « concentrée », « connectée », « présente », « centrée », « libre », « puissante », « posée », « ici » furent les mots qu’elles lancèrent une à une. Par ma volonté de les aider à lever leurs résistances mais aussi, surtout, par l’énergie du groupe, elles avaient goûté au plaisir du flow.
À cet instant, j’ai su que j’étais à ma place. Que c’était cela que j’avais le plus envie de faire aujourd’hui : vous encourager à écrire, vous accompagner, vous réunir. Vous donner l’élan pour vous écouter, vous apaiser, vous soigner. Car oui, l’écriture introspective permet tout cela. Elle lave des ruminations, favorise les pensées nouvelles, aide à passer à l’action.
Oui mais voilà, au pays de Victor Hugo encore plus qu’ailleurs, l’écriture est sacralisée. Alors que l’on peut danser, dessiner ou jouer de la guitare en amateur, écrire est encore souvent perçu comme un privilège réservé à une élite. Il y aurait d’un côté les lettrés, écrivains ou journalistes, autorisés à prendre la plume, de l’autre le commun des mortels, indigne d’y toucher. Passé 15 ans, écrire son journal est jugé suspect, puérile ou prétentieux. C’est ainsi que la plupart des gens en arrivent à croire qu’ils n’ont rien à écrire. « Ma vie n’intéresse personne », me dit-on souvent. Ça tombe bien : déverser ses pensées sur une page ne regarde que soi.
Vous êtes nombreuses à me demander si un autre atelier est prévu. Oui, il y en aura probablement un second cet automne, toujours chez Sézane, que je remercie au passage pour son chaleureux accueil. Mais je réfléchis aussi à un cours en ligne. Et plus généralement, j’ai envie de davantage parler d’écriture au quotidien. Vous faire part de lectures qui m’ont marquée sur le sujet. Vous montrer mes carnets (après une longue période ascétique durant laquelle je n’écrivais que sur des Clairefontaine, échanger avec vous m’incite à explorer ce qui se fait ailleurs). J’ai aussi à cœur d’essayer de répondre à vos interrogations.
Alors que je ne pense pas qu’écrire doive forcément mener à un projet littéraire, je sais que parmi vous, beaucoup ont cette ambition. Vous me parlez de manuscrits, plus ou moins aboutis. Derrière, il y a le rêve « d’écrire un livre », mais l’entreprise vous paraît si énorme et inaccessible que vous ne savez pas comment vous y prendre. Une question, en particulier, revient souvent : « Comment se faire éditer ? » Or il se trouve que j’ai la chance d’avoir tissé des liens étroits avec Sophie Rouanet, l’éditrice de mes deux ouvrages*, aujourd’hui directrice éditoriale chez Robert Laffont. Riche de vingt ans d’expérience, Sophie connait les auteurs, leurs aspirations et leurs blocages. Elle a aussi vu le secteur se transformer. À force de l’écouter me raconter les coulisses du monde secret de l’édition, l’idée d’une conférence en ligne a germé, tant pour faire voler en éclat les clichés que pour apporter des conseils pratiques.
Notre masterclass « Comment se faire éditer » se tiendra le mercredi 28 juin, de 19h à 20h30 sur Zoom. J’interviewerai Sophie sur les étapes à suivre pour mettre toutes les chances de son côté, sur les usages à respecter, les erreurs à éviter, les astuces à connaître. Au bout d’une heure d’échanges, vous pourrez lui poser vous-mêmes vos questions. Les inscriptions sont ouvertes ici. Et pour faire plus ample connaissance avec elle, nous organisons un live sur mon compte Instagram jeudi prochain, le 22 juin, à midi.
Ce rendez-vous est une grande première pour nous. J’espère que l’idée vous plaira.
Bon week-end,
Géraldine
*Un cancer pas si grave (éd. Pocket) et L’âge bête (éd. Robert Laffont)
Felicitations Geraldine ! C est chouette.
Bonjour
Je suis très intéressée par l'intervention sur l'édition d'un livre. Par contre, je ne serai pas disponible à ce moment-là. Y aurait il la possibilité de s'inscrire pour 1 replay?