Il y a quelques semaines, une amie m’a appelée après m’avoir aperçue dans une vidéo, sur le compte Instagram de Mark. Ma minceur l’inquiétait, elle craignait que je sois devenue anorexique.
Sa réaction m’a fait réfléchir. Avait-elle raison ? Je mange moins qu’il y a un an, ce qui m’a fait perdre dix kilos, mais j’ai gardé un bon coup de fourchette et je suis plutôt moins obsédée par mon poids que par le passé. Ma réponse m’est apparue sans l’ombre d’une ambiguïté : non, je ne suis pas anorexique.
Comment cette amie qui me connaît si bien a-t-elle pu se méprendre ? L’épisode m’a rappelé que personne ne peut deviner le rapport que j’entretiens avec mon corps et les aliments, pas même quelqu’un de proche au regard bienveillant. Ce constat, je le garde à l’esprit face aux autres : quelle que soit la corpulence des gens que je croise dans la rue, je n’ai aucune idée de leur vécu ou de leur état de santé. On peut être gros ou maigre pour plein de raisons qui n’appartiennent qu’à nous. On peut aussi l’être sans raison, parce que c’est comme ça.
Cela dit, je comprends que mon amincissement surprenne et ait fait réagir mon amie. Ce qu’elle a pris pour un trouble est en fait une relation à mon organisme qui ne cesse de s’affiner. Des circonstances particulières ont accéléré ce processus. Depuis mon cancer du sein, je suis sous hormonothérapie. Le médicament que l’on m’a prescrit, le Tamoxifène, bloque les hormones et provoque une ménopause artificielle. Il a la réputation de faire grossir. J’ai effectivement senti, au fil des années, que mon corps ne me passe plus le moindre écart. Ou, pour être plus exacte, disons que la liste des aliments qu’il digère mal (sucre, lait, graisses animales) ne fait que s’allonger. Sujette aux compulsions alimentaires, ce traitement a encore un peu plus compliqué mon rapport à la nourriture. Non seulement j’ai tendance à prendre du poids - ce qui mine mon estime de moi - mais mes excès provoquent beaucoup d’inconfort physique (troubles digestifs, psoriasis, déprime). J’ai dû apprendre à composer avec ces deux paramètres, même s’il m’arrive encore de tout envoyer balader et de manger n’importe quoi.
Le livre de Jessie Inchauspé, Faites votre glucose révolution, m’a beaucoup aidée à comprendre certains mécanismes. Un accompagnement psy m’a également permis de me délester de beaucoup de choses. Mais mon plus grand guide aujourd’hui, c’est mon propre corps. Je me fiche des régimes. Je ne suis plus attentive qu’à une chose : ce que je m’apprête à manger va-t-il passer ? Mon système va-t-il le supporter ou cela va-t-il le perturber ? Un seul plat « hors des clous » se traduira par des maux de ventre et une prise de poids. Cette sensibilité est aussi fascinante qu’exaspérante.
Vivre avec une telle contrainte m’a menée à des habitudes alimentaires particulières. Je ne mange pas normalement, et je mange moins car c’est ce que mon corps me dicte. Le soir, je ne me prépare plus que des radis, des carottes et des champignons crus avec une coupelle de houmous. C’est tout. Tous les soirs, depuis des mois. Cela me procure beaucoup de plaisir, cela me suffit et je les digère très bien, merci. J’ai cru que j’allais finir par m’en lasser, mais non. Ce manque de variété m’a inquiétée, j’ai craint de devenir allergique, puis j’ai fini par me ficher la paix. C’est ce que mes papilles préfèrent, ce qui passe le mieux ? Alors je continue. Et tant pis si on me trouve bizarre. De toute façon, qui peut se targuer de manger normalement ? La nourriture, c’est comme l’argent, le temps, le sexe : on a tous un rapport compliqué et névrotique avec eux.
Je ne vais pas vous détailler le reste de mon alimentation. C’est inutile. Car ce n’est pas transposable. Ce qui fonctionne chez moi ne marcherait peut-être pas chez vous. Je n’ai pas de recette miracle pour maigrir. En revanche, j’ai compris une chose avec les années : le fonctionnement du corps est opaque et mouvant, on ne comprend pas ce qu’il trafique, on ne peut qu’essayer d’être attentif aux signes qu’il nous envoie, lesquels sont beaucoup plus précieux que ce que l’entourage et les médias nous disent.
À force d’observation et d’ajustements, j’ai maigri, mais je garde aussi à l’esprit que cette situation est momentanée. L’équilibre est fragile. Je vais bientôt devoir changer de médicament, ce qui provoquera peut-être de nouveaux changements. Je les redoute mais j’essaie de me faire confiance : je me connais de mieux en mieux, je continuerai de chercher à m’adapter aux nouveaux besoins de mon organisme.
Cela dit, un autre élément fondamental m’a aidée à vivre plus sereinement la relation à mon corps ces dernières années : j’assume mon envie d’être mince. Dans notre société, la minceur est devenue suspecte, surtout chez les femmes. Beaucoup y voient le signe de comportements extrêmes, de restrictions, d’un déséquilibre, d’une pression sociale. Certes, le culte de la minceur est réel et doit être dénoncé, de même que la grossophobie et l’objectification des femmes. Dans mon livre L’âge bête, je raconte l’impact délétère qu’a eu sur moi la presse féminine des années 90 qui vantaient le fameux 90-60-90 des mannequins. Mais ces dernières années, j’ai réalisé qu’il y avait autre chose. Que mon goût de la minceur ne venait pas uniquement de mon environnement. Qu’il était plus profond et plus personnel. Même sur une île déserte sans personne pour me regarder, je kifferais d’être mince. Parce que me sentir légère me procure un bien-être inestimable. Pas seulement pour une question de reflet dans le miroir (sur une île déserte, il n’y en aurait pas) mais parce que je ne me sens plus encombrée et que ma tête n’est plus polluée par des douleurs physiques.
Mettre à distance les discours ambiants et me réapproprier cette aspiration à la minceur m’a permis de l’accepter. Il n’y a pas plus intime que le rapport au corps. La cohabitation est suffisamment compliquée comme ça. Pour tenter d’y voir clair, plutôt que d’écouter les autres, je préfère désormais écrire ce que j’en pense dans mon journal.
Je vous invite à mon atelier d’écriture chez Sézane
Photo Sézane
Lorsque la marque Sézane m’a proposé un partenariat il y a quelques semaines, elle ne pensait pas qu’aux vêtements. Elle souhaitait me soutenir dans le développement de mes activités entrepreneuriales et créatives. J’ai émis l’envie d’organiser un atelier en présentiel avec un groupe de lectrices. Mon idée a été accueillie avec enthousiasme !
Journaling et flot de pensées
Pour ce moment exceptionnel - mon premier cours “en vrai” - je me jette à l’eau et aborde la thématique de l’écriture. Je suis en train de vous concocter un atelier sur le flot de pensées. Si vous me suivez depuis longtemps, vous savez l’importance que j’accorde à mes trois pages d’écriture libre et manuscrite au réveil. J’écris ainsi depuis cinq ans, quasi quotidiennement. Cette pratique intime a changé ma vie : elle m’aide à évacuer mon stress, clarifier mes idées, formuler mes rêves, analyser mes difficultés, retenir les moments doux... la liste de ses bienfaits est sans fin.
Cet outil surpuissant est modulable à l’infini. Je l’utilise au réveil, mais pour d’autres il marchera plutôt en fin de journée. J’y aborde une multitude de thématiques, mais vous pouvez en faire un carnet d’anxiété si vous en ressentez le besoin, ou un journal de gratitude si cela vous fait du bien.
Mon but avec de vous aider à vous approprier cet outil dans un environnement chaleureux et bienveillant.
Lever les freins
Vous êtes attiré(e) par l’écriture mais n’osez pas vous lancer ?
Vous ne trouvez jamais le temps de vous y mettre ?
Vous craignez d’être submergé(e) par un trop plein d’émotions ?
Vous avez essayé, ça n’a pas marché mais l’envie est toujours là ?
Mon atelier est pensé pour vous.
Où et quand ?
Mon cours se tiendra le lundi 12 juin de 18h30 à 20h, à L’Appartement Sézane, 1 rue Saint-Fiacre, Paris 2e.
L’atelier sera suivi d’un temps d’échanges, de 20h à 21h.
L’atelier est-il payant ?
L’événement est gratuit, merci Sézane ❤️
Comment s’inscrire ?
En suivant ce lien. Faites vite, le nombre de places est très limité.
Merci pour ces mots à la fois sincères et qui font écho à ce que je ressens car j'ai le même plaisir que vous à être mince sans pour autant dénigrer les personnes qui ne le sont pas. Je ressens un réel épanouissement à l'idée de contrôler ce que je mange, sans excès ni dans le surplus ni dans l'insuffisance de nourriture. Autre source de satisfaction : manger des produits sains, non transformés que je cuisine moi-même (enfin c'est surtout mon mari qui les cuisine :-))
C’est tout à fait ça. Trouver son rythme, son alimentation et son corps. Ce qui nous convient. J’ai aussi pris di Tamoxifene pendant 5 ans et ça m’a fait bcp grossir. Mais vers la fin je me suis mis au 5:2 (5 jours normaux, 2jours de jeune) et j ai perdu le surplus. Même maintenant après l’arrêt du tamoxifène en novembre, je reste sur ce système qui me convient très bien. Je vis ces deux jours de jeûne comme des vrais espaces de détoxification et de méditation. Cela me fait un bien fou.