Instagram est devenu pour moi un champ d’expression, un outil de travail, un terrain de jeux, un lieu de découverte. Ça fait beaucoup de raisons de m’y connecter. Parfois trop. Pour garder les idées claires, voici les grands principes que j’ai adoptés avec le temps. Je vous les liste, mais il ne s’agit pas de règles absolues : jusqu’à l’écriture de cette newsletter, je n’avais même pas conscience de les suivre…
Accepter que j’aime Instagram
J’ai décidé d’arrêter de me flageller. Les réseaux sociaux ont mauvaise presse et il est certain que par moments je ferais mieux d’ouvrir un livre, mais Instagram m’apporte trop pour que je continue de bouder mon plaisir. Loin d’être le lieu de violence et d’aliénation souvent décrit dans les médias, la plateforme me relie au monde : à vous, lectrices et lecteurs avec qui je partage tant, à l’actualité, à l’air du temps, aux artistes. Pourvu que je l’utilise à bon escient, elle contribue à mon équilibre. Mon but n’est plus forcément d’y passer moins de temps, mais d’apprécier pleinement celui que j’y passe.
Adopter une attitude active
« Tout plutôt que de scroller sans fin » est une phrase que je prononce souvent dans mes séances de coaching Instagram. Afin de ne pas tomber dans le piège tendu par les algorithmes, j’évite de rester passive trop longtemps. Il ne s’agit pas de créer un post ou une story à tout bout de champ. Laisser un commentaire ou envoyer un message privé suffit à m’extraire de l’inertie de la consommation pure et à me redonner une prise sur l’outil.
Par ailleurs, plutôt que de laisser Instagram décider du contenu de mon feed, je privilégie les recherches. Je me concentre sur la découverte d’un compte que l’on m’a recommandé, je passe en revue les œuvres d’un créatif. Cela nourrit ma curiosité tout en m’évitant de trop m’éparpiller.
Interagir
Je n’oublie jamais la dimension sociale du réseau. Comment en vouloir à un outil qui aide à tisser des liens ? Mais là encore, en tirer le meilleur requiert une attitude volontariste. Quand ChatGPT a déboulé il y a quelques mois, cela m’a donné envie de rechercher encore plus d’humanité au quotidien. Je me suis mise à accueillir chaque nouvel abonné par un petit mot. Ma façon à moi de contrebalancer le poids grandissant des robots. Essayez, c’est magique ! Évidemment, tout le monde ne répond pas, mais cela mène souvent à des échanges chaleureux, voire surprenants (je suis par exemple toujours émerveillée d’apprendre que je suis lue dans un pays lointain). L’autre cesse d’être un total inconnu, la relation démarre dans un respect mutuel.
Plus généralement, j’aime répondre à un maximum de messages et de commentaires, mais je ne me l’impose pas non plus. Je le fais en fonction de mon temps et de mon humeur, sans pression.
Écrire mes posts sur Word
Marie Robert m’avait un jour dit qu’elle trouvait plus confortable d’écrire ses billets sur son ordinateur. Pendant des années, je me suis malgré tout entêtée à pianoter les miens sur mon téléphone, préférant m’abîmer les yeux plutôt que de faire l’effort d’aller jusqu’à mon Mac. Finalement, ce sont les reels sur ma tenue du jour qui ont achevé de me convaincre. Prise par le temps, j’ai enfin reconnu que j’écrivais plus vite et plus facilement devant un grand écran, les doigts sur un vrai clavier. Changer de support m’a aussi aidée à reconsidérer une légende Instagram pour ce qu’elle est : un exercice d’écriture.
Me sentir chez moi sur mon compte
OK je suis chez Meta, propriétaire de Facebook et d’Instagram, mais sur mon compte, j’ai quand même des droits. L’écrivain Nicolas Mathieu l’a récemment rappelé dans un post : « Ce compte est un lieu d’expression. J’y dépose des textes. C’est chez moi. J’y fais ce que je veux et passé un certain stade, il est évident qu’on ne peut à la fois continuer à se comporter comme on le souhaite et satisfaire chacun. »
Donc oui, je supprime des commentaires, je bloque des importuns. C’est plus une affaire de ressenti que d’argumentation rationnelle : je prends connaissance de chaque message, puis évacue ce qui me semble malveillant, agressif, injustifié ou qui simplement me met trop mal à l’aise. Tout ce que je ne supporterais pas si la personne était invitée à ma table.
Internet est, pour moi, depuis plus de 20 ans, un outil d’introspection. Je m’y révèle de plus en plus. Je conçois que cela puisse paraître étrange, mais j’estime que cela m’est bénéfique, alors je continue, par-delà l’autocensure et les projections. J’accueille les jugements avec beaucoup de distance : la plupart du temps, je pars du principe que les gens se parlent à eux-mêmes, que s’ils se montrent un peu vifs, c’est que j’ai touché chez eux un point sensible qui n’a rien à voir avec moi.
Trier
Ranger me fait du bien. Pour cela, j’agis sur trois éléments :
Mes favoris. Vous ne le savez peut-être pas, mais Instagram permet de suivre en priorité jusqu’à 50 comptes, signalés par une petite étoile (tout est expliqué ici). Il suffit pour cela d’appuyer sur les trois petits points en haut à droite d’une publication dans son flux, puis de choisir « ajouter aux favoris ». Je gère cette fonction de manière très consciente, vérifiant régulièrement que mes 50 comptes favoris correspondent à mes affinités et à mes centres d’intérêt du moment.
Les comptes auxquels je suis abonnée. Je suis très admirative de Mathilde Lacombe et de sa capacité à se limiter à 300 comptes. En bonne boulimique, j’en ai longtemps suivi des milliers, pour finalement me rendre compte que cela n’avait aucun sens. Ces derniers mois, je suis entrée dans une logique de réduction drastique. Et comme le dit Mathilde, cette démarche fait un bien fou. On se sent plus léger, et l’on relativise aussi le fait d’être ou non suivie par les autres : chacun est bien libre de le faire au gré de son humeur, cela n’a rien à voir avec notre valeur.
Les comptes qui me suivent. Dans un contexte général de recherche de followers, moi j’en supprime ! J’élimine tous ceux qui me paraissent louches (photos de profil inquiétantes, alphabet bizarre dans la bio, comptes abonnés à plusieurs milliers de comptes, marques à des années-lumière de mes centres d’intérêt). En effet ces comptes, inactifs et donc considérés comme suspects par Instagram, plombent mon taux d’engagement et donc la visibilité de mes contenus auprès de vous, mes vrais abonnés.
Poser les bonnes limites
J’ai essayé de définir une limite quotidienne de temps passé sur Instagram. Cela n’a servi qu’à me faire culpabiliser.
J’ai longtemps pratiqué des périodes de détox, chaque samedi ou plusieurs jours durant mes vacances. Cela m’a fait du bien, mais dans mon mode de vie actuel, je prends trop de plaisir à partager mes balades pour me restreindre.
En revanche, deux habitudes récentes m’aident à mettre un peu de distance entre mon téléphone et moi. Je porte de nouveau une montre (la Prima de Gemmyo dont je vous ai déjà parlé), ce qui m’évite de consulter l’horloge de mon iPhone toutes les minutes, et j’ai rétabli le réveil sur ma table de nuit. Chaque soir, mon dernier geste avant de me coucher est d’aller brancher mon téléphone au rez-de-chaussée. Le matin, je ne le récupère qu’après avoir écrit mon journal. Tout cela m’assure un cadre plus serein.
Comment se faire éditer : le replay
Vous avez loupé ma conférence avec Sophie Rouanet ?
Le replay est disponible en un clic ici (38€).
Sophie Rouanet, directrice éditoriale en non-fiction chez Robert Laffont, y explique :
- Comment être au clair avec son projet
- Comment se mettre à l’écriture
- Comment préparer son texte à être lu (l’art du pitch et de la note d’intention)
- Comment protéger son manuscrit
- Comment contacter une maison d’édition (quels canaux, les choses à faire ou à éviter)
- Qu’attendre d’un éditeur
- La proactivité attendue chez l’auteur
- Les autres moyens d’être lu.
Mon prochain atelier en ligne : comment écrire sur Instagram
Mercredi, durant la conférence, Sophie a insisté sur un point : pour mettre toutes les chances de son côté quand on a un projet de livre, développer dès à présent sa propre communauté de lecteurs est essentiel. « Vous aimez écrire ? Écrivez partout, et donc sur Instagram ou LinkedIn », a-t-elle recommandé. Le lendemain, vous étiez plusieurs à m’écrire que ce conseil vous avait marqués.
Parce que je suis moi-même convaincue qu’Instagram est un super moyen de muscler sa plume, je vous donne rendez-vous le mercredi 19 juillet, de 19h à 20h30, pour un « atelier de vacances » ludique et décomplexant. Je vous y glisserai tous mes conseils pour faire de votre compte un carnet d’écriture sincère et singulier.
J'ai adoré cette idée de supprimer les followers louches comme manière d'améliorer les chances que son contenu soit proposé par Instagram à la vraie cible du compte. Ca représente sûrement beaucoup de travail mais c'est également sûrement plus efficace que de se plaindre de l'algorithme.
Merci de cette nouvelle newsletter, chère Géraldine, et de ce sujet qui me "parle" oh combien :)
À bientôt et gros bisous <3
Christiane