Deux-trois choses sur la difficulté de créer
Où il est question de La grande bellezza, mais aussi de Brian Wilson et de boucher chinois.
Je n’avais pas voulu voir La grande bellezza à sa sortie, en 2013. Les considérations d’un vieux beau qui flâne dans Rome m’attiraient peu. Je sentais que je n’étais pas assez vieille moi-même pour m’identifier au héros. Il ne paraissait guère sympathique dans la bande-annonce et, en dépit d’un Oscar, les critiques n’avaient pas été tendres avec le film. Je l’avais oublié quand, le week-end dernier, Mark l’a recommandé à des amis de passage. Soudain, j’ai su que c’était le moment, j’étais mûre et j’avais envie d’Italie.
Le film m’a éblouie. Je l’ai tellement aimé que le lendemain je l’ai regardé une seconde fois avec Mark. Rome y apparaît d’une beauté à couper le souffle, littéralement : au début, un touriste japonais fait un infarctus devant le panorama de la ville, terrassé par le syndrome de Stendhal. Jep Gambardella, le fameux héros (Toni Servillo), critique d’art mondain, oisif et séducteur, promène sur la capitale italienne un regard ironique teinté de mélancolie. La beauté de la ville, il l’apprécie chaque jour depuis sa terrasse donnant sur le Colisée, mais elle ne lui suffit plus. Après un premier roman il y a 40 ans, il n’a plus rien écrit. Il a beau fêter ses 65 ans avec panache, la vacuité de sa vie ne lui échappe pas.
Comment choisit-on de vieillir ? Telle est, en filigrane, la question que pose le film, sorte de version latine, en négatif du Perfect Days de Wim Wenders.
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