En janvier, j’ai fait un rêve si marquant que j’y repense tous les jours.
Je conduisais ma voiture sur une voie d’insertion d’autoroute. Je voulais m’engager, mais le trafic était dense et surtout, j’étais en première. Le moteur vrombissait. À l’avant et à l’arrière, sur les sièges passagers, des amies m’encourageaient à passer aux vitesses supérieures. Mais je m’y refusais, l’œil collé au rétro.
Je revenais d’un voyage à Paris. Comme tous les mois, j’y avais vu beaucoup de monde. J’étais en pleine interrogation sur mes objectifs professionnels pour 2023. Je voulais abattre mes pensées limitantes pour me développer et gagner plus d’argent. J’étais repartie de la capitale la tête pleine des avis recueillis. Ces avis me nourrissent. Je les sollicite et ils sont importants pour moi. Mais il ne s’agirait pas d’oublier que c’est moi qui tiens le volant. Le bruit du moteur poussé à fond me hante. Il était évident qu’il fallait passer en seconde, mais quelque chose m’en empêchait. Ce n’était pas le moment.
J’ai raconté ce rêve à Vivien, mon psy. Je lui ai aussi donné le contexte, mon envie d’atteindre « mon plein potentiel ». « C’est hautement spéculatif, le plein potentiel », m’a-t-il répondu. Puis il m’a parlé de Rothschild. « Un jour, il a ordonné de retirer ses actions de la bourse. Un collaborateur a protesté : ‘Mais ça va continuer de monter.’ Il a quand même voulu retirer son argent. Les cours ont continué de monter. ‘Vous auriez pu gagner plus d’argent’, lui a dit son collaborateur. ‘J’ai gagné assez’, a répondu Rothschild. »
J’aime cette idée d’aller à son rythme, de savoir évaluer ses propres besoins sans trop se laisser influencer par les autres. J’ai dit à Vivien que j’apprenais à faire les choses à ma façon. Il m’a encouragée. « Allez en première le temps qu’il vous faut », a-t-il conclu.
Je me mets la pression. Trois ans après m’être lancée en tant que free-lance, je devrais avoir trouvé ma voie et gagner assez. Mais tout est flou dans cette phrase. Qui a énoncé qu’après 20 ans de salariat, trois ans suffisaient pour se reconvertir ? Et ça veut dire quoi, « trouver sa voie » ? Et qu’est-ce que c’est, « gagner assez » ? Pour qui ? Pour quoi ?
J’ai choisi la voie incertaine de la créativité. Je crée une forme de coaching qui n’appartient qu’à moi. Je crée des cours en ligne qui ne ressemblent à aucun autre. J’invente mon chemin. Ça prend du temps. Et je fais beaucoup d’erreurs.
L’une d’entre elles est d’aller regarder ce que font les autres. « Benchmarker », comme on dit en termes marketing. C’est tellement facile aujourd’hui. Je vais sur Internet et je regarde « ce qui se fait », « ceux qui marchent ». Je ressors tiraillée de ces explorations. Je trouve important de ne pas évoluer en vase clos : j’exerce une activité commerciale dans un écosystème mouvant, il est vital pour moi de savoir m’adapter. Toute la difficulté est de tenir compte de cet environnement sans me laisser polluer par les façons de faire des autres. De continuer de suivre mes propres envies, même si ça veut dire aller lentement.
Le week-end dernier, je suis allée voir La Famille Asada au cinéma. L’histoire vraie d’un photographe japonais, Masashi Asada, connu pour deux choses : avoir photographié sa famille dans des situations loufoques soigneusement mises en scène, et avoir aidé, en 2011, les victimes du tsunami à retrouver dans les décombres des photos de leurs proches. Le film est un peu longuet mais j’y repense aussi. Car comme Orelsan filmé par son frère dans le docu Montre jamais ça à personne, lorsqu’il ne crée pas, Masashi Asada passe son temps à glandouiller. J’ai tendance à oublier que pour créer, il faut beaucoup de vide autour. Que puis-je imaginer si je remplis mes journées par peur de manquer ? La création est un saut dans l’inconnu. Rien ne me dit que j’y trouverai la sécurité financière. Mais si je n’essaie pas, je passerai à côté de ma vie.
Il y avait cette citation d’Anaïs Nin ce matin dans la newsletter du Filtre : « Si je n’avais pas créé mon propre monde, je serais probablement morte dans celui des autres. » Je construis le mien à ma vitesse.
La question de la semaine
« Je voudrais savoir si tu te sens concernée par la crise environnementale et si cela t'inquiète. Je vois que tu voyages plutôt en local, que tu as une consommation raisonnée, mais j'ai l'impression que cela vient plus de tes goûts et ton cheminement intérieur que de ce type de préoccupation. Et si tu voudrais en parler davantage ? C'est tellement important. » Laureline
Tout le monde juge tout le monde sur la question du climat. C’est la principale raison pour laquelle j’en parle peu. Aucune envie de me prendre des coups. D’autant plus que, même si je me sens concernée et que j’essaie de ne pas trop en rajouter à mon niveau individuel, mon mode de vie n’est pas super écolo. En revanche, de manière générale, ce qui me dépasse ne m’inquiète pas trop. Je suis à la fois fataliste et optimiste : je veux croire que l’humanité est suffisamment résiliente pour trouver des solutions.
Appel à témoins
Pour un article, je suis à la recherche de personnes qui ont décidé de ne plus apparaître sur les réseaux sociaux traditionnels (Facebook, Instagram, YouTube, LinkedIn, TikTok). Si c’est votre cas, n’hésitez pas à m’écrire pour m’expliquer pourquoi.
La signature de mon livre au Drugstore Publicis est annulée
Une rencontre autour de L’âge bête était prévue le 9 mars sur les Champs-Élysées, mais l’annonce d’une journée de grève reconductible le 7 mars m’y a fait renoncer.
Des liens pour aller plus loin
Guerres de Business : The North Face vs Patagonia
Je suis en train de m’enfiler les six épisodes de ce podcast (conseillé par Lise) comme on s’avale un paquet de fraises Tagada, la culpabilité en moins. Adaptation française de Business Wars diffusé par la plateforme américaine Wondery, ce programme joue sur le côté immersif pour raconter des combats d’entreprises titanesques. Celui opposant McDo et Burger King a passionné mon fils. Moi je me délecte des destins croisés d’Yvon Chouinard et Doug Tompkins, chefs d’entreprise visionnaires, amoureux de la nature et amis dans la vie.
Le discours de la sage-femme Anna Roy sur l’IVG
Chaque année, la Fondation des Femmes organise un concours d’éloquence dédié aux droits des femmes. Le 13 février, Anna Roy a remporté celui de la 6e édition. Au-delà de la question des femmes et de l’IVG, c’est de jugement et d’amour qu’elle nous parle. Ses mots font chaud au cœur.
François Simon sur Instagram, Augustin Trapenard sur TikTok
Le critique gastronomique pose sa voix sur des vidéos aux petits oignons. Le journaliste culturel s’exprime face à la caméra, détendu dans la pose mais sérieux dans le propos. Deux exemples d’une utilisation habile et intelligente des réseaux.
Une interview médiocre avec Guillaume Meurice chez Vlan !
Le comique vient d’écrire un Petit éloge de la médiocrité. Il en parle au micro de Grégory Pouy. Bon sang que ça fait du bien d’écouter ces deux-là. « Si tu mets des médiocrités en commun, il en sort quelque chose de positif pour l’intérêt général », énonce le chroniqueur. En amoureuse de ma communauté, je survalide.
Samah Karaki : Le talent est une fiction
La biologiste docteure en neurosciences a beaucoup parlé sur les ondes de son livre Le talent est une fiction. Je l’ai écoutée au micro de Métamorphose. Elle aussi m’a aidée à avancer dans ma réflexion sur la réussite professionnelle. Nous avons tant à déconstruire…
Petit petit moi, d’Albin de la Simone
Happy End, le 6e album d’Albin de la Simone, fut la bande-son de notre année d’emménagement à Montélimar. Les Cent Prochaines Années, son nouvel opus, risque fort de résonner chez nous ce printemps. Cette fois il chante, et c’est d’une poésie à fendre l’âme.
Mes ateliers newsletter en replay
Mon programme est disponible : 35 euros par cours, les deux premiers par virement ou PayPal, le 3e via ce lien.
Atelier 1 : 10 conseils pour réussir le lancement de sa newsletter
Atelier 2 : Comment augmenter le nombre d’abonnés à sa newsletter
Atelier 3 : Comment durer ? Dans les coulisses de ma newsletter.
Prochain atelier le mercredi 5 avril à 19h. Je prépare un nouveau cycle. Pour être tenu.e au courant, laissez-moi votre adresse mail ici.
Merci une nouvelle fois de nous partager vos doutes, vos incertitudes. Merci pour les tuyaux : j'écoute Guerres de business depuis le début c'est top et j'ai commencé le podcast "vlan" avec Guillaume Meurice que j'adore, avant de lire son livre !!
"gagner plus d’argent." I see you. Je crois que c'est difficile pour vous de le dire. Bravo à vous de l'avoir fait. :)