À la recherche de ma zone de génie
Le concept est séduisant mais peut-il s’appliquer à la vraie vie ?
Red Hills, Lake George, 1927, Georgia O’Keeffe
Si vous ne savez pas quoi dire dans un dîner, demandez à votre voisin de table quelle est sa zone de génie, le reste du repas ne sera pas suffisant pour faire le tour du sujet avec lui.
Il faudra commencer par définir ce que l’on entend par « zone de génie ». Personnellement, il y a quelques semaines, l’expression ne me disait rien. Et puis j’ai écouté l’entrepreneur Nicolas Hennion dans le podcast Génération Do It Yourself. Au cours d’une interview-fleuve de 3h50, à la 43e minute, il explique qu’il s’agit d’un domaine dans lequel on est très très bon et qui nous donne de l’énergie. Quelques recherches m’ont permis de remonter à la source de ce séduisant concept : on le doit à Gay Hendricks, un psychologue américain – évidemment ! Dans son livre Le grand saut, il énonce que nous évoluons dans quatre types de zones : zone d’incompétence – on n’y arrive pas, d’autres y arrivent bien mieux que nous ; zone de compétence – on a appris à faire, on n’y prend pas forcément du plaisir, d’autres savent le faire mieux que nous ; zone d’excellence – on est très compétent et cette compétence est reconnue, mais elle pompe notre énergie ; zone de génie – non seulement on excelle grâce à une combinaison de dons et de compétences, mais personne ne sait faire comme nous, et en plus cela nous procure de l’énergie. Un graal qui permet d’accéder au flow, état d’hyper concentration dans lequel on avance dans sa tâche avec fluidité, au point d’en oublier la notion du temps.
Une fois que vous aurez apporté ces précisions, votre voisin de table n’aura plus qu’une envie : connaître sa zone de génie. Pour cela, Nicolas Hennion avertit : on est en général très mal placé pour la reconnaître soi-même, mieux vaut sonder son entourage. Vous aurez alors tout le loisir de faire plus ample connaissance avec votre interlocuteur à travers une discussion vraie et profonde.
Depuis l’écoute de ce podcast, passionnant de bout en bout en dépit de sa longueur, je m’interroge. Quelle est ma zone de génie (on peut en avoir plusieurs, une seule me suffirait) ? Selon Mark, mon mari, c’est ma capacité à fédérer une communauté – vous – autour de mes centres d’intérêt. Selon un ancien collègue, hier c’était mon blog, aujourd’hui c’est cette newsletter. Dans les deux cas, il s’agirait d’une aisance relationnelle et d’une capacité à communiquer. De mon côté, j’ai pris conscience au fil du temps que mon moteur, mon « ikigaï » pour reprendre un concept proche, cette fois japonais, désignant notre raison d’être, c’est l’introspection. Et que pour réfléchir sur moi-même, j’ai besoin d’échanger avec des personnes habitées par la même quête de bien-être. Ensemble, nous formons un cocon qui chemine de concert.
Nos conversations constituent mon carburant. La stupéfiante énergie que vous me procurez m’a donné l’idée des séances de coaching, puis des ateliers. Au cours de ces deux exercices, les antennes bien dressées, je suis à la fois dans une position d’écoute et de transmission. Je me connecte à vous de manière si puissante que j’en ressors montée sur ressorts.
En revanche, le lendemain d’un atelier en live, je suis à plat, aussi fatiguée que si j’avais couru un marathon. Ce qui m’amène à m’interroger : sur quel laps de temps se fonde-t-on pour estimer que quelque chose nous donne de l’énergie au point de constituer notre zone de génie ? Le cas des ateliers est intéressant car ils me procurent un sentiment de bien-être profond (boosté par l’adrénaline au moment du live), mais avant, la phase d’écriture aspire mon énergie, et après, j’ai besoin de récupérer.
De manière générale, l’écriture est pour moi un exercice si difficile – voire douloureux – qu’a priori, j’ai du mal à y voir une zone de génie. À ce propos, un souvenir me revient. Il y a quelques années, j’avais consulté une naturopathe-nutritionniste dans l’espoir qu’elle m’aide à apaiser mes compulsions alimentaires, qui survenaient souvent quand je peinais sur un texte. Réputée pour son approche holistique, elle m’avait écoutée expliquer mon cas. « Il semblerait que l’écriture soit pour vous une grande source de stress, avait-elle conclu. Peut-être vaudrait-il mieux envisager de faire autre chose ? » Je l’avais regardée avec un mélange d’épouvante et de mépris. L’écriture était ma raison de vivre, il m’avait fallu dépasser de nombreuses peurs pour y avoir accès, comment osait-elle me suggérer de lui tourner le dos ? Cette personne si réputée n’avait manifestement rien compris à mon cas.
Je ne l’ai jamais revue, mais je repense souvent à sa suggestion. Et si elle avait raison ? Et si l’écriture était plutôt, pour moi, une zone d’excellence ? Un domaine dans lequel ma compétence est reconnue, mais qui me prend beaucoup (trop) d’énergie ? Je n’ai pas la réponse, mais je ne compte pas arrêter d’écrire, puisque c’est le meilleur moyen que j’ai trouvé pour avancer dans mon introspection.
L’écriture ne serait-elle qu’un moyen de servir ma zone de génie ? Une ressource à laquelle je décide d’avoir recours, ou pas. J’aime l’idée qu’elle ne soit pas forcément centrale. Relativiser son importance permet de relâcher la pression que je me mets quand je dois livrer un texte. Je n’ai d’ailleurs aucune envie de me lancer dans le chantier d’un troisième livre. Je ne me perçois même plus comme autrice. J’ai retiré le mot de mon site, des réseaux sociaux. Je me sens plus légère ainsi. L’écriture est capitale dans ma vie, mais elle est hors zone.
Replay de l’atelier Cultiver son pouvoir de concentration
Merci d’avoir été nombreuses le 10 janvier à suivre mon atelier en live ! Pendant 1h30, je vous ai transmis mes clés pour mieux comprendre le fonctionnement de l’attention et adopter une forme de minimalisme digital adaptée à vos besoins.
Pour celles et ceux qui ont manqué le live, le replay est disponible sur mon site.
Le tarif de 42 euros comprend :
Le replay permanent
Le support écrit
L’accès au groupe WhatsApp reliant les inscrites
L’accès à une rencontre à Paris le 21 mars prochain.
Prochain atelier Repenser ses habitudes
La suite arrive ! Mercredi 31 janvier, de 19h à 20h30 sur Zoom, je vous transmettrai ce que j’ai appris pour ancrer de bonnes habitudes et se défaire de celles dont l’on ne veut plus.
Les inscriptions (42€) sont ouvertes sur mon site.
Cet atelier constitue le 2e volet de mon programme Focus sur l’essentiel.
Un 3e atelier suivra le mercredi 6 mars. Il portera sur le fameux flow dont je parlais plus haut, cet état d’hyper-concentration qui permet d’avancer de manière fluide et créative. D’ici là, nul doute que mon regard sur la notion de zone de génie aura encore évolué !
Hello Géraldine,
J'ai aussi écouté Nicolas Hennion car j'avais beaucoup aimé sa première interview sur GDIY. Super intéressant et en même temps, je m'interroge sur tous ces concepts : Ikigai, zone de génie, mission de vie, raison d'être, trouver son "why"... Je pense qu'il y a un effet de mode et qu'il faut prendre de la distance. Ça peut être assez angoissant, voire "démoralisant", pour qui n'a pas de passion avec un grand P, n'arrive pas à définir sa zone de génie, etc. Je me suis parfois sentie "paumée" et un peu paralysée dans mon activité entrepreneuriale par ces injonctions à trouver ma zone de génie ou mon Why. Mais ce qu'on ne peut pas leur retirer, c'est que tous ces concepts nous font réfléchir en profondeur et peuvent aider à mieux se connaître. Un peu d'introspection ne fait jamais de mal ;) Le tout, c'est de ne pas se démotiver si certaines questions restent sans réponse !
Bonjour Géraldine, J’utilisais souvent ces 4 zones sous forme de matrice, avec les personnes que j’accompagnais en création d’entreprise. Je les tenais de Christine Lewicki qui a popularisé le concept en France. En te lisant, et parce que tu as tout de suite identifié (enfin, Mark !) ta zone de génie dans la manière si spéciale (et unique) dont tu rassembles et fédères ta communauté, cela ne paraît pas choquant ni contradictoire que l’écriture soit ta zone d’excellence. Ce n’est pas dénigrant. J’y vois comme un moyen pour toi de trouver, rassembler, fédérer, nourrir ta communauté 🙂
Alors de là, à envisager de faire autre chose que l’écriture, parce que c'est difficile, bah non. Pauvre de nous ! Chacune sa croix comme on dit, mais si c’est ta raison de vivre, ce n’est pas comme si tu avais le choix, et heureusement pour nous, parce que tu le fais excellemment bien 🤍🤍🤍