J’en ai marre de penser que je travaille trop. On me le dit souvent, je l’ai intégré comme une vérité. Une croyance en tout cas. Sauf qu’aujourd’hui, je ne le crois plus. Enfin, tout dépend ce que l’on entend par travail.
Pour la majorité des gens, le travail est salarié. À l’école, on nous parle de Marx et d’ouvriers. On intègre très tôt, surtout en France, que le travail est une oppression, une contrainte, un poids. Il faut lutter contre ceux qui nous l’imposent. Une telle logique a permis beaucoup d’avancées sociales, mais comment fait-on quand on s’est extrait du salariat, que l’on travaille à son compte pour faire ce qui nous plaît ?
Aujourd’hui ma conception du travail ne colle plus avec celle de la plupart des gens. Elle est si complexe que même moi je me perds dans mes contradictions. Mon travail, c’est d’écrire. Or écrire est à la fois un plaisir et un effort. La douleur est alors si proche de l’extase que je ne sais pas ce que je ressens.
C’est le cas en ce moment-même. J’adore vous écrire et poser des mots sur mes bouillonnements intérieurs. Mais ces mots ont du mal à sortir. Chaque vendredi, rédiger ma newsletter constitue mon dernier saut d’obstacles avant le week-end. Cela me stresse mais me galvanise aussi, car la récompense surgit juste après la ligne d’arrivée : vous me guettez, vous réagissez tout de suite, vos messages sont ma carotte (MERCI).
La semaine dernière, je disais à mon psy que la séparation pro/perso n’avait plus de sens pour moi. Il a soupiré, je lui ai demandé pourquoi, il ne m’a évidemment pas répondu. J’ai développé : quand on me demande si je viens à Paris pour des raisons professionnelles ou personnelles, mon esprit se brouille. Je vois des amis à qui je parle surtout de mon boulot. Mes clients me racontent leur vie, des liens intimes se créent. La plupart de mes anciennes cheffes sont devenues des amies. Mon travail, c’est ma vie, et ma vie, mon boulot. Pourquoi devrais-je en avoir honte ? C’est la vie que je me suis créée. J’ai une chance folle de passer mes journées à faire ce que j’aime. Quand je bosse, je m’exprime. Que rêver de mieux ?
Mon problème, en dehors de la culpabilisation ambiante, c’est que j’ai du mal à m’arrêter. Ça tient au fait que je pense en arborescence. Comme 8% des gens, m’a dit mon autre psy – oui, en ce moment je vois deux psys, gros chantier. Penser en arborescence, ça veut dire qu’un sujet va nous faire penser à plein d’autres sujets, que notre nature curieuse et enthousiaste nous pousse à explorer… jusqu’à l’épuisement. Pour contenir le bazar, ce qui marche chez moi, c’est de poser un cadre. Je passe donc mon temps à m’or-ga-ni-ser. Méga kif. Je vous en reparlerai.
Car l’une de mes dernières décisions en la matière, c’est d’écrire ma newsletter en moins de deux heures. Pour qu’elle parte à l’heure, mais aussi pour que son ton soit vif. Cette lettre, ce sont mes nouvelles du front, dans la bataille que je livre pour apprendre à vivre ma vie comme je l’entends. Un télégramme en direct de ma tête. Si je veux que vous restiez, mieux vaut qu’il soit bref.
Des liens pour aller plus loin
Paulina Porizkova, ou quand une déesse descend de son piédestal
J’ai commencé à lire ce post de blog de Mona Chollet parce que plusieurs d’entre vous m’avez avertie qu’elle y mentionne un passage de mon livre L’âge bête. J’en suis ravie et l’en ai remerciée, mais ce n’est pas la raison pour laquelle je vous en parle. L’autrice de Beauté fatale a lu No Filter, le livre témoignage de Paulina Porizkova, top des 90s. S’appuyant sur ses propos, Mona Chollet remet en perspective le système de la beauté occidental, construit sur l’utilisation des jeunes mannequins. C’est brillant et instructif. Comme je préfère notre époque, portée par une révolution féministe, à celle de mon adolescence !
Ariane Solal, la newsletter de Laure-Anne
Laure-Anne vient de passer dix ans à Shanghai. Elle y était céramiste. Aujourd’hui, elle se réinvente peintre à New York. Chaque dimanche, elle partage avec nous ses états d’âme. Son aquarelle et son texte invitent à la méditation.
Cléopâtre, le génie politique
Une amie fan de podcasts historiques m’a parlé de Philippe Collin. Elle trouvait sa série sur Pétain extraordinaire. J’ai préféré commencer par celle qu’il a consacrée à la plus grande reine de l’histoire. Évasion garantie.
Victor Habchy, tête chercheuse
Les vidéos TikTok et Instagram de Vito, entrepreneur touche-à-tout, me bluffent. Qu’elles parlent de streetfood ou de mal-logement, c’est l’humanité de son regard que l’on retient. Merci Anna Louis pour la découverte.
Le mood board géant de Diane Keaton
Signature de mon livre à Montélimar
Retrouvez-moi ce vendredi 27 janvier à 19h à la Nouvelle Librairie Baume, 52 rue Pierre Julien, 26200 Montélimar. J’y dédicacerai L’âge bête et serai très heureuse de vous y rencontrer.
Mes ateliers newsletter
J’ai commencé le 11 janvier une série de cours en ligne Réussir sa newsletter.
L’atelier 1 « 10 conseils pour réussir le lancement de sa newsletter » est disponible en replay ici (35€), avec un accès (sur demande) au groupe WhatsApp des participantes.
L’atelier 2 « Comment augmenter le nombre d’abonnés à sa newsletter » se tiendra le mercredi 1er février de 19h à 20h30. Vous pouvez vous y inscrire là (35€ le live + le replay).
Rendez-vous lundi 30 janvier à 19h sur mon compte Instagram pour un live de présentation.
Merci beaucoup Géraldine de votre post, toujours vif et riche ! Grâce à vous, j'ai acheté des tee-shirts super chauds, et les fabuleuses chaussettes d'homme Uniqlo ne quittent plus mes pieds : quelle bonne idée ! Et je crois bien que je viens de comprendre (à 58 ans ! Jamais trop tard ...) que moi aussi je pense en arborescence, et que c'est ça qui m'épuise, et me donne aussi l'impression de me disperser. Or je me rends compte que je me sens bien mieux le soir si j'ai cadré "à mort" mes tâches et mon planning de la journée : je comprends mieux pourquoi !!! Mille mercis de m'éclairer ainsi, et très bon week-end ! D'ailleurs, sans vouloir être indiscrète, ça me plairait que vous nous parliez de vos week-ends ! Bonne journée, Véronique
Geraldine, bonsoir et merci de ce ton vif, de cet écriture énergique, de ce plaisir qui diffuse dans votre newsletter ce soir !
On ne se connaît pas, on n’a pas la même vie, on ne fait pas le même job … et pourtant je trouve qu’il y a nombre de similitudes, de réflexions communes, de bobos a soigner sur nous partageons.
Je vous admire de réussir à utiliser l’écriture à des fins pro et perso. Mon métier est plutôt « les chiffres ». J’en mets le moins possible dans ma vie perso 😅. Et comme j’aime écrire, je rédige mes mails !
Au départ je voulais réagir au podcast de Philippe Collin… et voilà que je pense en arborescence ?
Écoutez le, ce podcast est passionnant ! Je l’ai écouté d’une traite ! Le portrait de Petain est très intéressant. Ça m’a semblait super complet et très équilibré.
Doux week-end
Natacha