Lundi dernier, un client m’a proposé une mission. Plusieurs textes à écrire, plusieurs événements à organiser, le tout dans un délai assez court. J’ai réfléchi. D’un côté, la thématique m’intéressait, le budget était convenable, les échanges fluides. De l’autre, entre la sortie prochaine de mon nouveau site, les enquêtes pour Marie Claire, mes coachings Instagram et les ateliers à venir, j’avais déjà beaucoup à faire.
J’ai étudié mon agenda, consulté Mark, dormi dessus. Le lendemain matin, j’ai accepté. Puis j’ai guetté la montée d’angoisse qui d’ordinaire suit chez moi ce type de décision. La voix de mon mental n’a pas tardé à surgir. « Je croyais que tu ne voulais plus en faire trop » m’a-t-elle chuchoté, narquoise. « Et si tu n’arrives pas à tout faire dans les temps ? », « Et si le stress te submerge ? », « Et si et si et si ? ».
Qu’est-ce qui a fait que je ne me suis pas laissé embarquer ? Ça n’est pas tout à fait clair.
Peut-être l’expérience. J’ai tant vécu ce genre de situation que je commence à me sentir capable d’évaluer le temps et l’énergie qu’un nouveau projet me prendra. Ai-je tort, ai-je raison de croire cela ? Peu importe : ce qui compte, c’est que cela me donne confiance en moi.
Mais il n’y a pas que cela. Jusque-là, mes expériences passées de missions réussies n’ont pas toujours suffi à me donner confiance pour le projet suivant. Ma lecture en cours du livre Avoir le courage de ne pas être aimé* a dû m’aider. Je vous en ai déjà parlé. L’ouvrage s’appuie sur les théories du psychologue Alfred Adler. Il y a notamment cette idée que « nous déterminons notre propre vie en fonction du sens que nous donnons à ces expériences passées ». Jusque-là, je me racontais que je ne savais pas travailler sans stress, sans douleur, sans pression, et mes crises passées l’attestaient. Mais si j’applique le raisonnement d’Alfred Adler à ma situation, croire que je ne savais pas travailler sereinement m’arrangeait. C’était pour moi une bonne excuse pour ne pas changer. Pourquoi ? Par paresse je crois. Le temps que je passais assise à mon bureau à me lamenter était un temps que je ne passais pas à écrire mes articles. En dépit de la souffrance que je m’infligeais, la situation m’arrangeait. J’avais besoin de ce stress pour justifier de ne pas avancer dans mon travail. Je manquais de courage. En prendre conscience a rendu la voix de mon mental moins persuasive. Je lui réponds que je sais ce que j’ai à faire. Cette semaine au moins, le silence intérieur qui a suivi m’a permis de me concentrer sur ce que j’avais à faire.
Il y a aussi le fait que la rentrée est un moment de recommencement. Elle nous contraint à regarder où nous en sommes dans notre vie. Sommes-nous prêts à rempiler ? J’ai réalisé que oui. Que je suis désormais sûre de la vie que je veux : vivre dans la maison que je me suis choisie, loin des grandes villes, près de la nature et de ma famille ; aller courir le matin près des champs ; travailler seule chez moi de manière indépendante ; avoir le luxe de venir à Paris trois jours par mois. Je suis de plus en plus consciente que tout cela a un prix. Que me bâtir ce style de vie, c’est faire des choix, renoncer à d’autres choses. Je suis plus au clair qu’hier sur ces choix. Je suis prête à faire ce qu’il faut pour conserver ce style de vie que j’ai mis tant de temps à identifier comme étant celui que je voulais. Je suis prête à lâcher sur le reste. Cela me donne beaucoup de force. Je sais que les jours à venir vont être fatigants, qu’il va y avoir des moments de doute, de chaos, de remise en question. Je sais que les prochaines vacances sont loin. Mais le socle n’a jamais été aussi solide.
Ce cadre de vie me régénère. Pouvoir dormir dans une chambre baignée de silence, la fenêtre ouverte sur les parfums du jardin. Pouvoir lever les yeux à tout moment et voir le ciel sans être gênée par rien. Pouvoir me préparer chez moi à mon rythme le déjeuner qui me convient. Tout cela m’apaise. Et puis il y a notre figuier. En ce moment, il nous offre ses dernières figues de la saison. Aller chaque jour les récolter m’enseigne l’attention, la discipline, la générosité. Obtenir les meilleurs fruits exige des visites régulières, une taille précise, une vigilance quotidienne. À un moment, j’avais fini par le surveiller de si près que je pouvais noter ce que les oiseaux « m’avaient pris ». Ça m’a amenée à m’interroger. Pourquoi voulais-je tout garder pour moi ? Pourquoi les oiseaux n’auraient-ils pas eu droit à leur part ? La nature est suffisamment abondante pour nous nourrir tous, d’autant plus que les figues sont si sucrées que je ne peux pas en manger beaucoup. Même face à un arbre dans mon jardin, la peur de manquer resurgit. Prendre soin de mon figuier et cueillir un fruit à la fois a chez moi des vertus curatives.
« Je ne suis pas rentrée depuis 15 jours et j’ai déjà l’impression d’être repartie dans ma course habituelle », m’a confié cette semaine une amie qui fait beaucoup de yoga. Elle était fatiguée, mais son regard était clair, son visage détendu, son corps maintenu. J’ai acquiescé. Oui, on est reparties, mais les bénéfices de l’été sont encore là. Oui, on va trébucher, se prendre la tête et s’énerver. Mais des choses en nous ont bougé. On a mûri. La rentrée ne balayera pas tout.
*Avoir le courage de ne pas être aimé, d’Ichiro Kishimi et Fumitake Koga, éd. Guy Trédaniel
Prochain atelier en ligne : comment photographier son quotidien sur Instagram
« Je ne sais pas faire de photos » est une phrase que j’entends souvent lors de mes séances de coaching.
Dans cet atelier, j’aimerais vous montrer que l’on peut se servir d’Instagram pour changer son rapport à la photo. Peu importe la qualité formelle des images. Moi-même je ne suis pas une photographe professionnelle et mes clichés sont très imparfaits. Mais photographier mon quotidien change mon rapport à la réalité, m’ancre dans le présent, m’aide à voir la beauté autour de moi.
Au cours de cette heure et demi ensemble, je vous inviterai à explorer d’un œil neuf les photos déjà prises dans votre téléphone. Je vous donnerai des clés pour avoir le réflexe de dégainer votre appareil à chaque fois que l’opportunité se présente. Je vous transmettrai ce que j’ai appris pour faire une belle image.
Je vous proposerai aussi des exercices que vous pourrez faire les jours suivants en profitant de l’énergie collective du groupe WhatsApp des participants. Faire des photos requiert un élan que l’on trouve parfois plus facilement à plusieurs.
Vous venez ?
L’atelier se tiendra le mercredi 27 septembre de 19h à 20h30 sur Zoom. Le replay sera disponible peu après.
1h de cours puis 30 minutes de questions-réponses.
Tarif 38 euros : live + replay permanent + support écrit + accès au groupe WhatsApp.
Se laisser porter par l’énergie de la rentrée
Je suis heureuse pour toi Géraldine, en effet bâtir un socle, des fondations, avoir des cliquets en deçà desquels nous n'allons pas explorer le noir, c'est tellement libérateur !
Touchant témoignage Géraldine qui nous donne à réfléchir, merci