Mark Tungate est un authentique gentleman. Galant, attentionné, romantique, il place mon bien-être au-dessus de tout. Quand on s’est rencontrés il y a plus de 20 ans, j’ai vite saisi la rareté de telles qualités. J’avais trouvé mon prince charmant.
Son souci de l’autre ne se limite pas à moi. À un dîner, Mark veille à mettre chaque convive à l’aise. Dans un café, il trouvera toujours le moyen d’arracher un sourire au plus revêche des serveurs. À la maison, même le confort du chat passe avant le sien. « J’ai besoin de m’assurer que tout le monde est OK », résume-t-il. Sa hantise ? « Être vu comme impoli ou blesser les gens. »
Ce tempérament est si facile à vivre que je n’y ai d’abord vu que des avantages. Au fil des ans pourtant, j’ai bien dû me rendre à l’évidence : accorder la priorité aux autres ne se fait pas toujours sans dommages. Apprendre à ajuster nos comportements s’est fait par étape.
Étape n°1 : au début de notre histoire, quand j’étais invitée à une fête ou à un mariage, je lui demandais de m’accompagner. Il acceptait car il sentait que c’était important pour moi, mais plus l’événement approchait, plus il devenait nerveux. Jusqu’à, le jour J, refuser de s’y rendre, ou y aller en râlant, ce qui dans un cas comme dans l’autre se terminait par des reproches de ma part : il me mettait dans une situation embarrassante, pourquoi n'avait-il pas dit non dès le départ ? C’était au-dessus de ses forces, mais à l’époque, pour des raisons différentes, ni lui ni moi n’en avions conscience. Je sortais d’un long célibat subi durant lequel j’avais écumé seule les soirées en groupe. M’y rendre en couple faisait partie des plaisirs de ma nouvelle vie, je ne pouvais imaginer que ce ne fut pas le cas pour lui. Lui avait reçu une éducation anglaise, penser à soi y était présenter comme le pire des égoïsmes, mieux valait refouler ses envies de tranquillité et faire plaisir à sa girlfriend.
Comprendre qu’il préfère les petits groupes et redoute les situations dont il ne peut s’échapper nous a pris des années. Il aime être avec les autres… quand il en a envie, sans pression et pas trop souvent. Depuis, je le laisse tranquille. De toute façon, à Montélimar nous voyons volontairement moins de monde, et quand j’ai envie de me rendre à une invitation, je ne lui impose plus de m’accompagner.
Étape n°2 : à notre arrivée dans la Drôme, nous avions beau vivre ensemble depuis longtemps, nous n’avions pas encore pris la mesure de l’effort que sociabiliser lui demandait. Tout à ma joie d’emménager dans une grande maison, j’ai pris l’habitude d’inviter mes amis à venir passer un week-end chez nous. Il s’agissait parfois de personnes que Mark n’avait jamais rencontrées, mais j’étais si convaincue qu’il s’entendrait bien avec elles que, là encore, son accord allait de soi. Recevoir chez lui des gens qu’il ne connaissait pas le stressait particulièrement, mais je ne voulais pas le voir. De son côté, il avait tellement envie de me faire plaisir qu’il acceptait de bonne grâce, masquant son inconfort.
Le week-end arrivait… et des douleurs au ventre l’obligeaient subitement à rester couché. « Je n’aime pas être en représentation dans ma propre maison », a-t-il fini par admettre, après plusieurs week-ends sabordés. C’est différent avec les gens qu’il connaît déjà et qu’il apprécie car il sait qu’il ne sera pas jugé, mais depuis, j’ai levé le pied sur les invitations.
Étape n°3 : l’été dernier, des relations difficiles avec sa famille ont encore accru sa tendance à somatiser. Une crise de cruralgie très douloureuse l’a immobilisé plusieurs semaines (si vous ne savez pas ce que c’est, disons pour faire court que cela ressemble à une sciatique). Cet ennui de santé a joué le rôle de détonateur : refouler entraînait chez Mark des blocages physiques de plus en plus lourds, dont je subissais moi aussi les conséquences – je devais tout gérer toute seule. Cela ne pouvait plus durer, il était temps qu’il dise ce qu’il pense vraiment et qu’il pose ses limites.
Un jour, alors que nous étions assis sur la terrasse, lui souffrant, moi fatiguée de m’activer pour deux, il m’a lancé, l’air de rien, que le café lui faisait du bien. J’ai senti monté en moi un agacement familier, signe d’un écart suspect entre ce qu’il disait et ce qu’il pensait. Je l’ai regardé droit dans les yeux et lui ai demandé s’il voulait un expresso. Il a accepté du bout des lèvres, reconnaissant qu’il en avait envie mais qu’il ne voulait pas m’embêter, qu’il craignait que j’aie l’impression qu’il me traite comme sa domestique.
L’incident a ouvert la voie à une discussion franche. Je lui ai expliqué que j’en avais plein les pattes, que me lever me demanderait un effort, mais que j’étais moi-même accro au café et que prendre soin de lui était ce qu’il y avait de plus important pour moi. Je lui ai aussi expliqué que j’avais besoin qu’il apprenne à être plus franc. Que je ne pouvais pas deviner ce qu’il voulait vraiment, que ne pas le savoir me fragilisait, que c’était source d’incertitude, de quiproquos, de perte de temps. J’ai cherché à le rassurer. Je continuerai de l’aimer quoi qu’il me dise, il pouvait être direct, en France on prenait moins de gants qu’en Angleterre.
Enfin, j’ai essayé de lui transmettre ce que des dizaines d’années de thérapie m’avaient appris : la seule boussole qui vaille est celle de notre propre désir. Vouloir contenter les autres est fatiguant, illusoire, voué à l’échec.
Mark n’a évidemment pas changé de caractère en un claquement de doigts, mais depuis, ses progrès sont aussi flagrants que cocasses. Quand je lui propose de faire quelque chose qu’il ne veut pas (sortir, manger des tomates, inviter du monde), il se contente de refuser, puis étouffe un petit rire, étonné de sa propre audace.
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Je m’appelle Géraldine Dormoy. Je suis journaliste, coach digitale et j’anime des ateliers pour mieux se connaître.
Je suis une professionnelle de l’écriture et des réseaux sociaux depuis près de 20 ans.
J’ai débuté en 2005 avec mon blog, Café Mode.
Aujourd’hui, je poste régulièrement sur Instagram et je raconte mes états d’âme dans cette newsletter hebdomadaire.
J’ai passé 10 ans à la rédaction de L’Express. J’enquête désormais régulièrement en free-lance pour le magazine Marie Claire.
J’ai aussi écrit deux livres, Un cancer pas si grave (éd. Leduc) et L’âge bête (éd. Robert Laffont).
En 2021, avec mon mari Mark Tungate et notre fils, nous avons quitté la région parisienne et nous sommes installés à Montélimar, dans la Drôme.
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Bon week-end !
Je vois là aussi les traits caractéristiques d'une personne introvertie… Introverti ne veut pas dire timide ou réservé: les personnes introverties ont besoin de solitude pour se ressourcer car les relations avec les autres leur demandent beaucoup d'énergie. Elles ont donc besoin que ces relations soient authentiques (les politesses ou conversations superficielles les épuisent), et elles ont besoin de se retirer quand leur niveau d'énergie est vidé par le monde qui les entoure. Ce n'est ni bien ni mal, juste un tempérament différent de celui d'une personne extrovertie. Si en plus on est très attentif aux autres et qu'on ne veut pas "gêner", cela peut devenir épuisant si on ne s'écoute pas. La société valorise les profils extrovertis - et souvent les introvertis s'épuisent à tenter d'être ce qu'ils ne sont pas. Laisser à chacun son rythme et la gestion de son énergie, c'est le secret!
Très beau texte qui montre aussi ce qu’est être un couple, qui cherche constamment à s’améliorer. Merci pour ce partage!