Pendant les travaux de la maison, avec Mark, à chaque fois que l’on voulait désigner mon bureau, on parlait de ma « chambre ». On avait tous les deux intégré que ce lieu serait une « chambre à soi » au sens que lui donne Virginia Woolf, même si le titre original de son essai – A Room of One’s Own – est plus juste. Avec Mark, on ne fait pas chambre à part, mais on a désormais chacun notre espace… en construction.
Je vous ai montré la pièce en photos, j’y travaille désormais tous les jours et je m’y sens déjà bien mais je suis loin d’avoir fini de l’aménager. Chacun de mes choix concernant ce lieu étant fait en conscience, la déco va me prendre du temps. Ça n’est pas plus mal : c’est plus le processus que le résultat final qui m’intéresse. Or cette semaine, en échangeant avec vous sur Instagram, j’ai eu la confirmation que beaucoup d’entre vous n’était pas indifférentes à ce sujet. Voici donc mes réponses à vos questions synthétisées…
Pourquoi ces couleurs ?
L’idée est partie d’une photo d’inspiration trouvée sur Instagram, une grande chambre un peu kitsch, aux murs lilas et au plafond boisé bordé d’une corniche vert pomme. Jusqu’à ce que je voie mon bureau peint, je ne savais pas que le vert et le rose étaient mes couleurs. Les découvrir côte à côte, aux murs et au plafond, a été une déflagration. Je me suis mise à en voir partout. Je me suis souvenu du maillot de bain vert à pois roses de mon adolescence, une pièce clé dans laquelle mon corps de femme a éclos. Et vous avez tout de suite adhéré, m’envoyant depuis, quotidiennement, des photos dans ces teintes-là.
Le plafond vert m’a effrayée au début, j’ai même failli tout faire repeindre, Mark trouvait ça oppressant. Je me félicite d’avoir tenu bon : effectivement, cela donne l’impression d’un plafond plus bas, mais plus ça va, plus je perçois ce bureau comme un cocon.
J’ai par ailleurs beaucoup joué avec l’idée de recouvrir le mur derrière mon bureau d’un papier peint floral William Morris, et puis j’ai calé. Il y a un enjeu sur ce mur du fond : c’est celui que l’on va voir sur chacune de mes vidéos. J’ai craint de m’en lasser et que vous vous en lassiez aussi. Cette semaine, vos réactions aux premières vidéos m’ont confortée dans l’idée de m’en tenir au rose pâle, heureusement flatteur au teint. Peut-être que je changerai d’avis dans quelques mois…
En attendant, puisque vous me demandez régulièrement les références de peinture, les voici (même si elles n’ont servi que de modèle, mon artisan refusant de travailler avec une autre marque que celle dont il a l’habitude) : Confetti 274 pour les murs, Cap Red 279 pour la corniche, Hopper 297 pour le plafond, le tout chez Little Greene.
Quel système de rangement ?
Il n’y a pas de système. J’aborde l’espace jour après jour, parant au plus urgent. À mon arrivée, j’ai quand même pu m’appuyer sur un placard dans le mur, dont j’ai fait repeindre l’intérieur dans le même rouge que la corniche. Naïvement, je croyais que toutes mes affaires entreraient dedans. En fait, c’est à peine si j’ai pu y étaler mes fournitures de bureau. Je m’apprête donc à commander une bibliothèque Kuda chez Habitat (moi qui n’avais jamais rien acheté durant le Black Friday, je reconnais que cette grand-messe tombe pour nous à point nommé). Ensuite, on verra. Il me faudra au moins un autre meuble pour poser mon imprimante et garder mes piles de cahiers à portée de main, mais je prendrai le temps de le chiner. Si je pousse plus loin la réflexion, je crois même que je rêve de plein de petites tables, sur lesquelles je pourrai poser mes grigris, mes plantes (que je n’ai pas encore !), mon verre et mon assiette quand j’aurai envie de grignoter…
Comment as-tu trouvé ton bureau ? Ta chaise ? Tes supports d’écran ? Quelles références ?
J’ai commencé à penser mon espace de travail quand je suis devenue free-lance, en janvier 2020, quelques mois avant que l’on bascule collectivement dans le télétravail. Je voulais un bureau assis-debout car j’avais régulièrement mal aux trapèzes et que j’aime bien changer souvent de position. J’ai choisi le Bekant d’Ikea, dont le plateau s’élève électriquement. Je n’ai plus du tout mal au dos et j’adore son minimalisme. Seul hic : je l’avais choisi de taille modeste afin de le caser dans la chambre de notre appartement de Clichy, aujourd’hui je pourrais me permettre d’en avoir un plus grand. Mais j’y suis trop attachée pour en changer. Je vais juste lui ajouter des éléments autour pour garder la surface de travail dégagée, et me racheter un tapis anti-fatigue (recommandé quand on travaille debout), le dernier s’étant perdu dans le déménagement.
J’ai mis des mois à choisir la chaise. J’adorais la mienne à L’Express, ergonomique et légère, mais je voulais en plus qu’elle soit colorée. En magasin, tout était noir ou gris. Finalement, j’ai cassé ma tirelire chez Silvera, pour un siège Kinesit de la marque Arper. J’ai payé cher le lainage rouge de l’assise et du dossier, mais j’ai pu le choisir parmi des dizaines de teintes et j’aimais bien que le modèle soit fait sur commande en Italie.
Mes supports d’écran m’ont également demandé quelques recherches. Comme je suis grande (1,78m), avec un long tronc, j’ai impérativement besoin de surélever mon MacBook et mon deuxième écran. Vous m’aviez beaucoup aidée à l’époque avec vos recommandations. J’avais aussi lu les avis en ligne de dizaines de modèles. J’ai finalement choisi un pied Vivo (plus disponible) et un support Nulaxy.
Qu’est-ce que tu as envie de mettre aux murs ?
Quand j’étais encore célibataire, j’habitais seule un studio derrière la Place Clichy. J’avais peint moi-même le couloir en rouge sang et j’accrochais aux murs tout ce qui me passait par la tête avec de la Patafix. Quand j’ai emménagé avec Mark, j’ai renoncé à cette habitude. Pour lui, c’était un truc d’ado. Lorsqu’il avait envie d’accrocher quelque chose, il le confiait à son encadreur (Plein Cadre, rue Cardinet). Ça m’arrangeait bien, j’adore nos cadres, mais l’envie de coller des trucs sous mes yeux au gré de mon humeur est restée. À Clichy, je l’ai assouvie grâce à un panneau en liège dans notre cuisine, mais je détestais endommager mes photos, mes cartes postales et mes coupures de magazine en les punaisant. Dans mon nouveau bureau, je passe donc au masking tape. On va vite voir s’il n’abime pas les murs !
Je ne me fais pas de souci pour savoir ce que je vais y coller. Pour l’instant, j’ai juste mis ma photo fétiche de Joan Didion et de son mari John Gregory Dunne – ce cliché pris en 1976 du couple d’écrivains dans sa maison californienne représente mon idéal de vie. Mais cette image pourrait être suivie de beaucoup d’autres. Quand j’ai vidé notre bibliothèque au moment de quitter Clichy, je me suis fait une promesse. Avec les années, au fil des expos et de mes coups de cœur en librairie, je me suis offert beaucoup de beaux-livres que je n’ouvre jamais. Suivant les principes de Marie Kondo, j’ai laissé à Paris ceux dont la vue ne me procurait plus de joie. Les autres, je compte bien m’en servir enfin. Les ouvrir et y découper les images qui me font vibrer. Pour quelqu’un qui vénère autant l’objet papier que moi, commettre un tel sacrilège ne va pas de soi, mais après des mois de réflexion, je suis sûre de moi. Dès que je reçois ma bibliothèque, je m’y mets.
La liste parfaite du matériel Instagram ?
Je ne suis pas encore complètement au point. Je cherche par exemple un support qui tiendrait mon téléphone quand je veux feuilleter un livre pour vous le présenter en stories. Ça parait simple, mais rien de ce que j’ai vu jusqu’à présent ne me paraît assez pratique et bien conçu (il faut que le téléphone soit tenu horizontalement au-dessus du livre). Si vous avez des recos, envoyez !
En revanche, j’ai investi dans un cercle lumineux (light ring) et ça change la vie. Je supporte beaucoup mieux ma tronche en visio et je ne suis plus dépendante de la lumière du jour pour vous faire une vidéo. Je m’en sers tellement que je ne le considère même pas comme du matos Instagram. Je le recommande à toute personne un peu coquette qui souhaite avoir bonne mine durant ses visioconférences. Et puis c’est rigolo de voir le cercle se refléter dans ses pupilles. Ça m’évoque les photos de mannequins en backstage. Pour illuminer leur visage d’un halo flatteur, les photographes utilisent des flashs de cette forme. J’aime bien l’idée que cet outil me serve à moi aussi, qui en ai bien plus besoin qu’une jeune beauté de 18 ans !
Enfin, Charlotte Moreau, mon éclaireuse en matière de masterclasses, m’a recommandé une webcam Logitech Brio (avec son support col de cygne). Encore un super investissement tant l’image gagne en netteté. Sur ses conseils j’ai aussi acheté un micro de compèt’ mais je n’ai pas encore eu le courage de le brancher…
Est-ce qu’avoir une pièce dédiée au travail permet aussi une meilleure déconnexion ?
Je ne sais pas. Pour moi, la vraie déconnexion, c’est quand je lâche mon téléphone. Mon bureau ne représente pas mon travail. Il représente le champ bien plus vaste de l’écriture, dont je ne me déconnecte plus.
Si tu as finalement reçu des conseils de feng shui, je suis preneuse.
L’une d’entre vous m’a très gentiment proposé un accompagnement pièce par pièce… mais le temps m’a manqué pour m’y consacrer pleinement. Je me suis donc contentée de garder quelques grands principes en tête pour choisir l’orientation du bureau : j’ai évité de le coller à un mur (ce qui aurait arrêté le regard) ; je l’ai disposé de manière à avoir un mur dans mon dos (pour plus de stabilité) ; j’ai veillé à voir devant moi à la fois la porte et la fenêtre.
Est-ce que tu te sens bien dans ton bureau ?
Oui, très très bien. Mon fils l’a déjà baptisé ma « tanière », ce qui reflète bien la manière dont je l’ai investi. Assise à mon bureau, j’ai l’impression de redevenir l’adolescente seule dans sa chambre, qui passait des heures plongée dans son monde. Ça tombe bien : j’ai un livre à terminer sur le
Discussion à propos de ce post
Aucun post