Un jour, mon père m’a demandé si on ne pourrait pas se faire un hug plutôt que la bise pour se saluer. Peu de temps avant, alors qu’il venait de se disputer avec un proche, une amie sophrologue qui avait assisté à la scène leur avait conseillé de se faire un hug. Ils s’étaient exécutés, et leur animosité s’était miraculeusement fondue dans leur câlin. Depuis, avec quelques intimes consentants, pour dire bonjour, il pratique l’accolade. « Le contact physique permet une meilleure communication », estime-t-il.
D’abord un peu surprise – autour de moi, la pratique n’est pas répandue –, j’ai accepté. Puis j’y ai pris goût, au point d’avoir envie de reproduire le geste. Très vite toutefois, j’ai réalisé que le hug n’allait pas de soi.
En France, on préfère la bise. On se serre la main, mais plutôt dans un cadre professionnel, ou entre hommes. La bise, elle, est partout. Si envahissante, mécanique et subie qu’elle m’a souvent pesé. Ado, je détestais les quatre bises en vigueur dans mon collège-lycée. Je me serais également bien passé de certaines embrassades étouffantes dans les réunions de famille. Encore aujourd’hui, je me sens maladroite quand surgit le rituel : deux ou trois bises ? Par quelle joue commencer ? Doit-on poser les lèvres sur la joue ? Sur le moment, je me pose trop de questions pour y prendre le moindre plaisir.
Heureusement, depuis le Covid, on a davantage le choix. Les codes se sont assouplis, ce qui accroît la confusion, mais permet plus facilement de refuser tout contact si on n’aime pas ça, évacuant par la même occasion la question du rapport – très personnel – à l’espace vital.
De mon côté, je suis très tactile. Enfant, mes parents me couvraient de bisous, j’en ai gardé un certain sens du contact. Une fois adulte, cela m’a d’ailleurs posé pas mal de problèmes. Célibataire non par choix mais par peur des hommes, je souffrais énormément de l’absence de contacts physiques. J’aurais tout donné pour une caresse, mais, trop timide et trop honteuse de ma solitude pour signifier mon besoin de câlins à des amies, je taisais mes frustrations.
Après une longue psychothérapie, rencontrer Mark fut un tel soulagement qu’au début, j’ai cru que les contacts physiques avec lui me suffiraient. Avec la maturité, j’ai au contraire réalisé que ma quête de chaleur humaine était plus vaste et plus complexe. Je n’étais plus en manque affectif, mais, comme mon père me le formulerait plus tard, je sentais qu’un contact physique, dans bien des circonstances, facilitait mes relations aux autres. Personne n’en parle jamais, c’est à peine si on le remarque, mais une main sur l’épaule peut mettre en confiance, apaiser, adoucir.
J’ai peu à peu appris à laisser parler mes élans. Quand j’en ai envie et que je sens que cela peut aider l’autre, je m’autorise à lui toucher le bras, ou même à lui tenir la main. Un hug, toutefois, reste à mes yeux plus engageant, moins naturel. Pour des personnes de ma génération – j’ai 48 ans – cela semble encore réservé aux films américains.
Je sais pourtant le bien fou qu’un hug peut procurer : j’en ai fait l’expérience lors d’une retraite de yoga organisée par Lili Barbery-Coulon, il y a quelques années.
Notre groupe était essentiellement composé de femmes. Nous sortions du Covid, ce qui nous rendait à la fois ultra prudentes et avides de contacts. Je ne sais plus comment, entre deux sessions de yoga, Lili a proposé à celles qui le souhaitaient de se prendre dans les bras. Ce dont je me souviens en revanche, c’est de la transformation qui s’est opérée en moi au fil de ces étreintes. Comment je suis passée de la réserve à l’abandon, de la crainte à la confiance, de la séparation à l’unité.
Les hugs ont quelque chose de contagieux. L’énergie qu’ils procurent est si bienfaisante qu’on en veut encore. On se rend compte qu’il n’y a plus de barrières, que c’est facile en fait, qu’il n’y a qu’à se laisser aller. Les défenses tombent, même face à quelqu’un que l’on connaît peu. On apprend à se connaître par autre chose que des mots, pour une fois. Nos corps parlent pour nous.
De cette retraite magique, je garde la nostalgie des hugs. Dans la vie de tous les jours, j’ai encore du mal à en proposer. Mais vous le savez désormais : si un jour vous me croisez, n’hésitez plus, offrez-moi un hug, je l’accepterai avec joie !
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Merci pour ce texte si éclairant et original. Personnellement j’ai bcp de mal avec les hugs ou autres accolades.. mais cela passe d’autres moyens : le regard, la main tendue, le mot bien
choisi pour témoigner son affection et démontrer que l’autre a une place spéciale et unique.
A côté de cela, je ne te cache pas que la mention relative à l’influenceuse que tu nommes, me glace,
Tellement on est à 1000 lieux du hug naturel et spontané et où tout dans son contenu est objectivé par l’argent .. tout sonne faux ..
Quel plaisir de lire un article sur ce sujet qui pour moi n'existait pas en France (famille "sans contact").
Le Brésil pratique le hug à fond, et je confirme qu'on ne fait pas d'accolades systématiques.
En résumé, il y a. :
- la poignée de main (souvent en hommes et femmes pour maintenir une distance respectueuse),
- la bise (1, c'est simple et efficace - aucun risque de frôler les visages),
- le hug courtois (on se touche rapidement les épaules et hop un petit frottement dans le dos),
- le hug chaleureux court,
- le hug collé serré qui pour moi est réservé aux très proches (dans ce cas, miam).
Ce que j'adore est qu'il y a rarement des faux pas comme avec les bises où le risque de mettre un gros vent entre 2 et 3 est assez élevé.
Et le côté câlin, comme c'est booonnnnn.....