Qu’est-ce qui, courant août, m’a fait réaliser que l’équilibre était rompu ? Que je repensais de nouveau trop à mon travail, que j’étais de nouveau obsédée par mes textes à rendre, mes projets à lancer et – par-dessus tout – par l’argent à faire entrer ?
Je crois que le déclencheur fut la lecture du livre Entreprendre et (surtout) être heureux. Son auteur, Alexandre Dana, a cofondé la plateforme de formation LiveMentor – , mais sur Instagram on le voit surtout s’exercer aux arts du cirque la tête en bas. Ses vidéos m’apaisent. Alexandre a fait deux burn-outs. Le regarder se hisser dans les airs, concentré, connecté à son corps et loin de son bureau, me fait méditer sur mon propre chemin à trouver.
Son livre m’a permis de poser des mots sur ce qui me déstabilise dans le fait de travailler en indépendante. La perte de repères, le vertige des possibles, l’impossibilité de savoir tout faire, l’apprentissage constant, la quête excessive de modèles. Mais surtout, l’anxiété récurrente.
L’anxiété se traduit par « un manque de présence dans les interactions avec les proches. L’entrepreneur anxieux est là, sans l’être vraiment, son cerveau n’arrivant pas à lâcher ses angoisses silencieuses », écrit-il p.150. Voilà, c’est moi, l’anxiété me rend muette et absente. Absente pour moi-même, pour mon mari, pour mon fils.
« Ça y est, tu es partie », observait déjà mon amie Isabelle quand nous étions étudiantes en école de commerce. Il y a 25 ans de cela, elle percevait déjà mes décrochages. Mon brusque mutisme, le regard ailleurs, l’air soucieux. Sans même m’en rendre compte, je me retirais dans un espace mental où personne ne pouvait me suivre. Le plus problématique était que je m’y enfermais. Quand mon amie cherchait à me rejoindre, je n’envisageais même pas de me confier à elle. À quoi bon ? Comment aurait-elle pu comprendre mon souci du moment ? J’étais convaincue que personne ne pouvait m’aider. Alors je ne verbalisais rien. Tout restait rentré, bien compressé – et confus – dans ma tête.
J’ai cru qu’une thérapie, l’amour, l’écriture, la maturité m’avaient libérée. Que désormais, j’étais différente. D’une certaine manière, c’est le cas : je vais mieux. Mais je suis atterrée de voir à quel point, en dépit de tous mes efforts, je suis encore capable aujourd’hui de retomber dans ce travers redoutable : m’enfermer dans la solitude.
« Être seul n’est pas ce qui nous fait souffrir de solitude. La solitude, c’est lorsqu’on est entouré par les autres, la société, la communauté, et qu’on a le profond sentiment d’être exclu de leur cercle », ai-je lu dans Avoir le courage de ne pas être aimé*, un autre livre de développement personnel qui me fait avancer en ce moment.
J’ai beau avoir 47 ans, m’entendre merveilleusement bien avec mon mari et mon fils, ces derniers temps, je m’étais repliée sur moi-même. Je ne jugeais plus forcément utile de discuter de mes problèmes de boulot avec Mark. Je les trouvais de plus en plus dérisoires ou insolubles. Je me disais que je lui en avais déjà parlé mille fois, ou bien je ne me disais rien, je serrais les dents et j’essayais en vain de penser à autre chose. Pendant que je ruminais, je n’étais présente ni pour mes proches, ni pour moi-même. Pire : j’imposais à tous une humeur de chien.
Une croyance bien ancrée renforçait le phénomène. Si je plaçais le travail au-dessus de tout, si je surinvestissais la sphère professionnelle, ce n’était pas par égoïsme mais au contraire par égard pour ma famille. Subvenir à ses besoins était ma priorité absolue. Échouer équivalait à déchoir et à la mettre en danger. La pression infernale qui en résultait m’empêchait de voir que je passais à côté de l’essentiel : profiter des miens, ici et maintenant.
Je ne sais pas trop comment je me suis extraite de mon cercle vicieux, mais le 21 août, j’ai écrit dans mon journal, à la page des micro-changements : « J’apprends à faire passer le perso avant le pro. » Depuis, je me répète cette phrase plusieurs fois par jour, comme un mantra.
L’atmosphère de détente générale propre au mois d’août a dû jouer. Puisque tout le monde levait le pied, je me suis autorisée à faire de même, par mimétisme. Cela m’a rendue plus présente, plus gaie, plus loquace. Mon fils, extrêmement sensible à mes variations d’humeur, a aussitôt perçu la différence. « Maman, tu ne cries plus », a-t-il constaté, éberlué. C’en est suivi une forme d’apaisement mutuel. Voir ma bonne humeur renforcer la sienne m’incite à persévérer, quels que soient mes aléas de boulot.
Avec Mark aussi les choses ont bougé. Je me confie davantage. Non seulement il m’écoute et me conseille avec finesse, mais le simple fait d’échanger avec lui restaure ma confiance. Ensemble, on analyse, on trouve des solutions, on se projette. Évidemment, son sens de l’humour ne gâche rien, tout comme son propre sens des priorités : « On n’a jamais entendu quelqu’un sur son lit de mort déclarer qu’il n’avait pas assez travaillé », me dit-il souvent.
Enfin, je m’écoute, moi. J’ai recommencé à lire – pas de la grande littérature mais ce dont j’ai besoin pour aller mieux. Je retourne au cinéma – Barbie m’a fait rire, La voie royale a ravivé mes souvenirs de prépa. Je filtre davantage les informations qui m’arrivent. Je fais mes comptes. Ah là là mes comptes, il va bien falloir que je finisse par vous en parler ! Une prochaine fois.
Bon week-end,
Géraldine
*Avoir le courage de ne pas être aimé, d’Ichiro Kishimi et Fumitake Koga, éd. Guy Trédaniel
Prochain atelier en ligne : comment faire de jolies images sur Instagram
Un atelier pour apprendre à ouvrir l’œil, se débarrasser de ses complexes et transmettre en ligne sa vision du monde.
« Je ne sais pas faire de photos » est une phrase que j’entends souvent lors de mes séances de coaching.
C’est une phrase que j’ai moi-même longtemps dite. J’étais convaincue que, pour faire un bon cliché, il fallait être photographe, ou au moins maîtriser la technique et Photoshop. Or la techno m’effraie et je ne comprends rien aux applis de retouche.
Ce n’est qu’à force de poster sur Instagram que j’ai pris confiance dans mes images.
Je continue de les trouver très imparfaites, mais elles touchent, elles provoquent des réactions, elles accompagnent ce que j’ai à dire.
« Pourquoi tu ne ferais pas un atelier pour aider les autres à faire de belles images sur leur compte ? » m’a soufflé une amie.
J’ai bien aimé l’idée de vous transmettre ce que la pratique m’a appris, mais également les connaissances que j’ai engrangées au fil de mes rencontres, observations, lectures.
J’abordais déjà ce sujet dans ma masterclass « Déployer son univers visuel », mais il s’agira cette fois de passer à l’action et de créer ses propres photos.
Je m’appuierai aussi sur ma communauté : beaucoup de mes lectrices sont d’excellentes photographes, je les solliciterai pour nous aider à progresser ensemble.
Vous venez ?
Le live se tiendra le mercredi 27 septembre de 19h à 20h30 sur Zoom.
1h de cours et d'exercices pratiques puis 30 minutes de questions-réponses.
Tarif 38 euros : live + replay permanent + support écrit + groupe WhatsApp reliant les participants.
J'aime beaucoup te lire. J'aime ton écriture. Tes partages sur Instagram, tes récits, tes photos.
Dans tes newsletters, ce qui me touche, c'est ta franchise, la manière dont tu te confies, le constat de tes failles et de tes réussites. Merci pour tes partages inspirants. Je t'embrasse.
Chère Géraldine,
Encore une fois, votre Newsletter résonne avec mon expérience et je vous en remercie. 🙏🏻
Elle fait écho à des injonctions que j'ai eues de mon père : l'importance de la valeur travail.
En effet, selon lui, avec l'obtention d'un diplôme (synonyme d'ascension sociale pour lui, fils de paysans), le travail permet de faire sa place dans la société, de subvenir à ses besoins et ceux de sa famille, d'entrer en relation avec des collègues (ou clients, fournisseurs.... ) et but ultime : "de se réaliser" en démontrant/reconnaissant sa valeur pour une plus grande estime de soi.
J'ai suivi ces injonctions car je recherchais sa reconnaissance mais j'ai surinvesti le travail.. jusqu'à faire un burn-out.
J'ai réussi à comprendre grâce au "travail" (tiens encore lui 😉) effectué avec une thérapeute que j'avais une relation déséquilibrée vis-a-vis du travail.
Il me fallait réussir à le mettre à mon service et non plus me mettre à son service !
Et depuis, le rapport s'inverse et je m'autorise à m'écouter, faire des pauses régulières pour bouger entre deux réunions, aller boire un verre d'eau...
J'ai aussi plus de plaisir à faire ce que je fais au quotidien.
Un de mes challenges désormais est de garder cette juste relation/distance au travail en m'observant régulièrement tel un drône qui tournerait autour de moi.
En me connectant davantage à mon ressenti, je peux profiter pleinement de chaque moment de détente (marche, lecture, farniente...) en conscience pour sentir la vie pétiller en moi. 😉
Bon week-end à toutes et à tous !
PS : merci également pour le partage de lectures qui vous ont inspirées 📖