En Assam, une ferme hors du temps.
Je viens de passer deux semaines en Inde : une douzaine de jours en Assam, au nord-est du pays, puis une brève incursion à Jaipur, au Rajasthan. Je suis partie pour des raisons professionnelles : j’accompagnais Usha Bora, la fondatrice franco-indienne de la marque de décoration d’intérieur Jamini, dans le périple qu’elle avait organisé pour cinq clientes voyageuses. Originaire d’Assam, elle avait à cœur de faire découvrir sa région, méconnue des touristes mais riche d’un art de vivre proche de la nature et de savoir-faire textiles ancestraux. Ma mission était de transmettre, sur Instagram, les émotions ressenties au fil des jours par le groupe.
J’appréhendais ce voyage. J’avais pourtant déjà travaillé avec Usha – en mai dernier, elle était venue chez moi à Montélimar rhabiller notre maison, ça c’était super bien passé – et c’est moi qui avais manifesté le désir de partir avec elle. Mais je n’avais encore jamais fait de véritable reportage vidéo. Jusque-là, c’était pour ma plume que l’on me sollicitait. Allais-je savoir passer aux images ? Le résultat conviendrait-il à Usha ? Et puis on partait à sept. Je suis d’un tempérament indépendant, j’ai besoin d’être seule pour me ressourcer. Je redoutais de perdre trop d’énergie à essayer de me faire accepter par les autres.
Pour ces raisons, j’ai abordé mon voyage comme un défi intime. Je voulais qu’il m’ouvre, qu’il m’aide à me dépasser. L’Inde me semblait un pays propice à la transformation. Pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai emporté le livre Vivre, de Mihaly Csikszentmihalyi, dans mon sac à dos. Ce psychologue au nom compliqué est la personne à qui l’on doit le concept de flow, un état de concentration totale dans une activité, qui permet de créer dans la joie.
Le flow est une de mes obsessions. Un graal personnel, un phénomène mystérieux que j’observe chez les autres, que je guette chez moi mais qui m’échappe le plus souvent. Avec l’aide de l’Inde, d’Usha, de Mihaly, peut-être allais-je enfin y accéder plus durablement ?
C’est ce qui s’est passé. J’ai tellement investi ce voyage, je m’y suis préparée avec un tel soin, mon intention était si claire que, sur place, tout s’est enclenché. J’étais prête, et l’énergie du groupe s’est avérée au diapason. Mise en confiance par les femmes qui m’entouraient, sensibilisée par Mihaly à l’importance de ressentir consciemment mon environnement, j’ai accueilli tout ce que l’Assam avait à m’offrir.
La douceur des gens, leur sens inné de la couleur, leur amour du tissage, leur cuisine saine et raffinée résonnaient en moi. À cela s’ajoutaient la végétation luxuriante, la lumière diffuse, les maisons roses et vertes, les vaches et les oiseaux, les klaxons omniprésents mais dépourvus d’agressivité, juste là pour signaler une présence… ces éléments formaient ensemble une surprenante harmonie. Guidée par Usha qui nous accueillait chez elle – on a même dormi chez ses parents –, je me sentais protégée, ce qui incitait au lâcher prise. Face à un paysage somptueux ou à un danseur émérite, je me suis laissé gagner par la beauté. J’ai contemplé, j’ai pleuré… et j’ai filmé.
Mes récentes recherches sur la concentration se sont avérées fort utiles. Face à des situations complexes et mouvantes, j’étais capable de diriger mon attention avec précision, tantôt sur l’objet de notre visite, tantôt sur le groupe, tantôt sur mes propres émotions. La caméra de mon téléphone est devenue le prolongement de mes yeux. À la fois reliée au monde et à moi-même, attentive et détendue, j’ai vécu chaque journée avec une intensité rare. Le soir, après le dîner, je me retirais seule dans ma chambre et m’appliquais à distiller sur Instagram l’essence de notre journée dans une vidéo de 90 secondes.
Je me couchais épuisée mais ravie, en paix, à ma place. Le matin, je me réveillais avec vos commentaires et vos messages enchantés – il y a 4h30 de décalage entre la France et l’Inde. J’ai vécu ainsi, tous les jours, le flow (ou « expérience optimale ») théorisé par Mihaly.
Je vous écris cette newsletter depuis mon bureau de Montélimar. Autour de moi, le désordre règne. J’ai beau être rentrée depuis deux jours, ma valise gît par terre, encore pleine. J’ai des rendez-vous professionnels à préparer, des mails à lire, des courses, des comptes, des lessives à faire. En temps normal, il ne m’en faudrait pas plus pour basculer dans le stress, mais je ne suis pas retournée au « temps normal ». Je flotte. Je filtre. Je savoure ce que je viens de vivre. J’habite le présent.
Mon prochain atelier : trouver son flow, mercredi 13 mars à 19h sur Zoom
Vous l’aurez compris si vous me lisez depuis un moment : mes ateliers en ligne sont un moyen d’ancrer ma quête personnelle dans une démarche collective.
Début 2024, j’ai lancé un programme, Focus sur l’essentiel, pour nous aider à adopter des comportements qui nous font du bien.
Le premier volet invitait à cultiver son pouvoir de concentration.
Le deuxième volet proposait de repenser ses habitudes.
Les replays sont disponibles ici et là.
Mercredi 13 mars, de 19h à 20h30, je vous transmettrai en live les clés que j’ai retenues pour accéder vous aussi à cet état de flow si particulier. Car l’« expérience optimale » étudiée par Mihaly Csikszentmihalyi ne relève ni de la magie, ni d’un super pouvoir réservé à quelques artistes de génie. La plupart d’entre nous peut y avoir accès s’il s’en donne les moyens.
L’inscription à 42€ vous donne accès :
Au live
Au replay permanent
Au support écrit
Au groupe WhatsApp reliant les inscrits
À une rencontre à Paris le jeudi 21 mars.
Vous pouvez aussi vous contenter de lire le livre de Milhaly, Vivre (le titre en anglais, Flow, The Psychology of Optimal Experience, est plus explicite). Ultra feel good, cet ouvrage paru il y a une vingtaine d’années est en train de changer mon regard sur le monde.
Samedi 16 mars à 15h30, rencontrons-nous au Salon La Vague des Livres de Villefranche-sur-Saône
Je suis invitée à venir parler de mon livre L’âge bête, paru en 2022 aux éditions Robert Laffont. J’évoquerai le rapport à l’adolescence, l’illusion des souvenirs et le processus de l’écriture introspective. L’entrée est libre et gratuite. Ça me ferait très plaisir de vous y voir !
Plus d’informations sur le programme ici.
Merci d'avoir partagé ce voyage, j'ai beaucoup aimé la simplicité, l'authenticité et la tranquillité qui se dégageait des photos et vidéos. Et là, avec tes mots, tu arrives tellement bien à me faire ressentir ton flow (que j'appellerais peut-être simplement bonheur) que ça apporte encore plus de profondeur à ces images que tu nous as offertes.
Contente pour toi Geraldine 👏