J’ai reçu la flamboyance en cadeau de naissance. Dès l’école primaire, je comprends que ma rousseur me distingue. Des camarades me traitent de Poil de Carotte, mais au même moment il y a Zora la rousse à la télé. Je m’identifie à cette héroïne de série, cheffe de bande charismatique. Après, il y a Julia Roberts dans Pretty Woman, Angie Everhart et Sibyl Buck dans les magazines de mode. Chacune renforce ma croyance : être rousse, c’est cool.
Quand, à l’adolescence, mes cheveux se mettent à onduler, j’ai plus de mal. Un long combat contre les frisottis s’amorce. Brushing, lissage, plaques céramiques, tout est bon pour essayer de ressembler à la Rachel de Friends.
Je ne dépose les armes qu’en 2011, enceinte de mon fils. Sur son blog, un jeune coiffeur franc-tireur s’est mis en tête de révéler en vidéo la beauté de toutes les chevelures, quelle que soit leur nature. Il s’appelle Fred Birault. Je lui écris. Il vient me couper les cheveux chez moi. Son regard, ses mots, ses gestes agissent comme un baume. Pour la première fois, j’aime mes boucles. Fragilisées par des années de mauvais traitements, elles sont lâches et irrégulières, mais je les accepte enfin telles qu’elles sont : indomptables. Je me prends d’une telle passion pour le sujet que je convainc la rédaction de L’Express, où je travaille, de lancer un Club des bouclées.
Novembre 2017 : cancer du sein. Avant ma première séance de chimio, je demande à Marisol Suarez, coiffeuse rencontrée lors d’une soirée du Club, de me faire une coupe très courte. Contre toute attente, le résultat me plaît. Je perds des cheveux mais pas tous. J’apprécie tant cette coupe garçonne que je la conserve des années durant.
Mars 2020 : le confinement impose de se laisser pousser les cheveux. Surprise : les miens sont d’une vigueur inédite. Explosion de boucles. Au même moment je deviens free-lance, j’écris un livre, je démarre une activité de coach Instagram. Mes nouveaux cheveux sont comme moi : de plus en plus libres.
Je recroise Fred. Sa ligne de soins capillaires vegan, Cut by Fred, fait un carton. J’essaie sa Curl Cream et son pschitt Wake Up Curl Day 2. Bingo : la crème définit les boucles, le vapo les ressert, mes cheveux adorent. Efficacité visible, compo au-dessus de tout soupçon, parfum subtil, flacons en verre sobres et chics : je comprends pourquoi ça marche.
En revanche, côté couleur, je ne sais plus où j’en suis. Les cheveux blancs gagnent du terrain. J’ai beau avoir envie de les assumer comme Sophie Fontanel, je finis toujours par racheter une boîte d’Eugène Color au supermarché. Erreur fatale. Mes cheveux perdent leur belle vigueur et s’affadissent de jour en jour sous l’effet de la teinture chimique. La raison voudrait que je m’en remette à un professionnel, mais je refuse de mettre le doigt dans l’engrenage des colorations régulières chez le coiffeur.
Peu avant la sortie de mon livre L’âge bête, ma sœur m’alerte : « Tu tiens vraiment à aller à ta soirée de lancement avec cette tête ? » Voilà des années qu’elle essaie de me convaincre d’essayer les colorations végétales de sa coiffeuse montilienne.
Je cède et lui rends visite, une photo de moi en 2009 dans mon téléphone.
J’ai toujours rêvé de retrouver ce roux soutenu que j’arborais le jour de mon mariage. Monique a 40 ans de métier. Son premier essai – un savant dosage de Marcapar blond cuivré – tape dans le mille, le résultat est spectaculaire.
Je m’habitue très vite à ma nouvelle chevelure de feu. À chaque fois que je surprends mon reflet dans la glace, j’ai l’impression de me reconnecter à moi-même. Cette « sur-rousseur » n’est pas vraiment naturelle, mais elle m’énergise, réveille mes tenues, déclenche les compliments des passants. Ma sœur avait raison, comme d’habitude. Mais Monique est formelle : pour préserver ma nouvelle couleur et retrouver des cheveux sains, je dois arrêter sulfates et silicones.
Après moult essais, j’ai changé d’après-shampoing – j’utilise désormais l’Ultra Doux sans silicone à l’huile d’avocat un jour sur trois – mais je continue un shampoing Clobex par semaine – tant pis pour les sulfates, sans lui mon psoriasis revient. Le soir, j’applique quelques gouttes d’un mélange d’huile de ricin et d’huile d’avocat pour nourrir mes boucles.
Six mois ont passé depuis l’adoption de mon roux incendiaire. Aujourd’hui, mes cheveux ont changé de texture. Ils sont plus épais, les boucles plus rebondies. Je retourne voir Monique pour une teinture toutes les cinq semaines. Une fois sur deux, elle me fait une coupe cautérisante en même temps – avec des ciseaux chauffants, censés fortifier les cheveux. Leur entretien est un budget, mais je m’achète moins de vêtements qu’avant et les tarifs de Montélimar ne sont pas ceux de Paris. Certains jours, j’ai envie de les laisser pousser. Je rêve de longues boucles. Je n’ai jamais réussi à en avoir, avant, mes pointes s’abimaient trop vite. D’autres jours, je me surprends à vouloir retourner au court. Une chose est sûre : ce roux-là, je le garde.
Dans mes oreilles cette semaine
Ronan Bouroullec dans Le goût de M
Merci Alexandra pour cette reco : j’aime tous les épisodes du podcast de Géraldine Sarratia mais celui-ci est l’un des meilleurs que j’ai écoutés depuis longtemps. Ronan Bouroullec pose sur son enfance à Quimper, ses études à Paris, son métier de designer un regard de philosophe attachant que je n’aurais pas forcément deviné en regardant ses œuvres. L’écouter m’a donné très envie d’aller voir son exposition de dessins à l’Hôtel des arts de Toulon (jusqu’au 29 avril).
Les Pépettes
Les podcasts sur la relation à l’argent se multiplient. Tant mieux ! Je vous ai déjà parlé de Thune. Cette semaine, je binge Les Pépettes, d’Aude Nguyen. Entrepreneuse sociale, elle interviewe des professionnels qui maîtrisent le sujet des finances personnelles. Ses questions faussement ingénues me décomplexent. Et les réponses de certains invités m’aident à me décrisper sur ce sujet pour moi difficile. J’ai particulièrement aimé la vision de Christian Junod et Nicolas Decaudain.
Atelier Devenir free-lance
Le replay de mon cours en ligne « Ce que j’ai retenu de mes trois années d’activité en solo » est disponible. En 1h30, je vous raconte mon parcours de journaliste indépendante et de coach Instagram, émaillé de 30 enseignements valables quels que soit votre profession.
Tarif 38€, paiement en un clic.
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Isabelle Boulay, Isabelle Huppert, Axelle Red, Anne with an E :))
Bonjour Géraldine,
Merci pour cette newsletter. Comme toi, mes cheveux et mes boucles font partie de ma personnalité. C'est fou comme la forme de mes boucles a un vrai impact sur le déroulé de ma journée :)
J'ai un cuir chevelu sensible et après des années à lutter contre les pellicules et l'usage de multiples shampoing décapants du supermarché ou médicamenteux (psoriasis ou dermatite atopique je ne sais pas trop), je suis passée à une routine simplissime qui commence à porter ses fruits. J'utilise la scalp potion de cut by fred (encore lui) et un shampoing doux lavera (basis sensitiv). Adieu aux pellicules aux démangeaisons et 1 seul shampoing par semaine .. ça tient du miracle!!