Les livres que j'aimerais lire cet été
Car oui, j'ai envie de parler d'autre chose que des élections.
“Et sinon, l’état de la France, ça ne vous préoccupe pas ?” Hier sur Instagram, quand j’ai annoncé le sujet de cette newsletter, j’ai aussitôt reçu ce message agressif.
Bien sûr que cela me préoccupe. Mais, comme je l’avais expliqué quelques jours plus tôt, je ne souhaite pas parler en ligne de la situation politique. Le sujet me paraît trop grave, trop complexe, trop inflammable, trop intime. Je partage beaucoup de choses sur internet, mais j’ai mes limites. L’expérience m’a appris à me protéger. Et plus l’atmosphère devient pesante, plus j’ai envie de préserver, ici, avec vous, un espace de liberté et de ressourcement.
Voici donc les livres que j’aimerais finir cet été. Depuis que j’ai décidé que je n’avais pas besoin d’en terminer un pour en commencer un autre, j’en ai dix sur le feu. Ceux-là me plaisent vraiment beaucoup. Je vous explique pourquoi.
Steal Like an Artist, Montrez votre travail!, et Keep Going, d’Austin Kleon
Je commence par ce triptyque car j’ai une légère obsession pour Austin Kleon en ce moment. Ma sœur m’a dit un jour que j’avais besoin de « maîtres à penser ». Elle visait mon psy, mais elle a raison, c’est mon fonctionnement. Je ne trouve pas ça grave car je change souvent de maître. J’en ai même plusieurs à la fois.
Nicolas Hennion, un autre mec qui m’occupe pas mal l’esprit en ce moment, entrepreneur perché, conseille de se hisser sur les épaules de « géants » pour se nourrir de leur façon de voir le monde, puis de passer à un autre géant. Je n’apprécie pas trop ce terme, on n’a pas besoin d’être un géant pour m’inspirer, mais j’aime l’idée de cheminer avec quelqu’un qui va élargir mon horizon. C’est ce que l’on fait depuis la nuit des temps avec les artistes, et les écrivains en particulier, mais à l’ère des réseaux, ça prend une autre dimension car on peut les suivre de plein de manières, ce qui nous les rend plus proches.
C’est particulièrement le cas avec Austin Kleon. Je crois que je l’ai découvert parce que je cherchais des photos de bureaux inspirants. À moins que l’une d’entre vous ne m’ait recommandé son best seller, Steal Like an Artist, un guide ludique dans lequel il invite à imite sans complexes pour mieux se trouver. J’ai mis du temps à le commander car je renâcle à lire en anglais et j’aime feuilleter avant d’acheter (celui-là date de 2012, il est introuvable en librairie). Finalement, je suis arrivée à lui par sa newsletter, l’une de mes préférées.
Austin Kleon se présente comme « un écrivain qui dessine ». Sa trilogie a pour sujet la créativité à l’ère digitale. Seul le 2e opus, Montrez votre travail !, est encore disponible en français. J’aimerais pouvoir l’offrir à toutes les personnes que je coache tant je partage sa manière de voir. Avec un sens de la formule qui n’appartient qu’à lui, il a l’art d’aider à lever les freins qui empêchent de s’exprimer. Ses conseils sont libérateurs. Ils peuvent paraître évidents (« Transmettez ce que vous savez ») mais ils sont émaillés de suggestions précises et pragmatiques. Il m’embarque. J’adore aussi son côté maniaque (il tient une liste de tout son matériel de bureau) et je partage avec lui un goût prononcé pour les carnets (il en alimente quatre par jour).
Ses trois petits bouquins pouvant se lire par bribes, je les garde près de mon lit ou aux toilettes. Je les picore depuis des mois. J’aime bien ce mode de lecture, cela me permet d’être irriguée longtemps par son ouverture d’esprit et sa positivité.
Born to run, de Christopher McDougall (éd. Paulsen)
La newsletter de Fanny Boucher, créatrice des bijoux Bangla Begum, est une autre lettre qui illumine mes semaines. Elle a le chic pour recommander des romans à mon goût, comme Born to run et Manuel à l’usage des femmes de ménage. Je suis pourtant très difficile en la matière, ce qui explique qu’il y ait aussi peu de livres de fiction dans cette sélection. J’ai beau avoir envie de belles histoires, je me laisse plus facilement séduire par un essai ou un livre de self help. Mais le pitch de Born to run m’a scotchée.
L’auteur, un journaliste américain coureur de longues distances, a mal à son talon quand il court. Aucun médecin ne parvenant à l’aider, il part chercher de l’aide auprès des Tarahumaras. Cette tribu mexicaine a la réputation de courir des centaines de kilomètres sans effort. Elle vit dans des villages cachés dans les replis de canyons inhospitaliers. Le livre de Christopher McDougall est un récit d’aventures rocambolesques, truffé de personnages barrés et de situations hallucinantes. Et comme dans Shantaram (de Gregory David Roberts), auquel il me fait penser par moments, c’est censé être une histoire vraie. Un page turner doublé d’une réflexion passionnante sur le rapport à la course à pied.
Manuel à l’usage des femmes de ménage, de Lucia Berlin (éd. Le Livre de Poche)
Comment se fait-il que je n’aie jamais entendu parler de Lucia Berlin avant de lire la lettre de Fanny ? Née en 1936, morte en 2004, cette autrice américaine semble ne pas avoir connu le succès de son vivant. Il a fallu attendre une compilation posthume, ce Manuel donc, paru aux États-Unis en 2015, pour que le grand public la découvre enfin. Sa prose me transperce, son livre est un chef d’œuvre. D’habitude je déteste les nouvelles, j’ai besoin de temps pour entrer dans une histoire. Mais Lucia Berlin est d’une fulgurance inouïe. En une phrase, je suis avec elle dans le cabinet de dentiste de son grand-père édenté, dans une laverie new-yorkaise aux côtés d’un vieil Indien, dans le confessionnal de son école primaire texane.
Après une enfance dans des villes minières de l’ouest américain, Lucia Berlin a longtemps été alcoolique, s’est mariée trois fois, a eu quatre enfants. De quoi nourrir ses dizaines de nouvelles, largement autobiographiques. Sa verve et sa vaillance m’évoquent Goliarda Sapienza, la prodigieuse autrice de L’Art de la joie… une autre œuvre majeure sauvée tardivement de l’oubli.
The Work of Art, d’Adam Moss (éd. Penguin Press)
Je reste aux États-Unis avec ce très beau livre, paru récemment, que je me suis offert après le live de mon atelier sur les panneaux d’inspiration (chacun ses récompenses). J’en avais entendu parler dans une newsletter d’Austin Kleon – encore lui. J’avais écouté son auteur dans ce podcast. Longtemps éditeur du New York Magazine, Adam Moss a interviewé 43 artistes avec un seul but : saisir leur processus créatif. Comprendre comment quelques mots notés à la va-vite mènent à un poème majestueux (Louise Glück), comment un dialogue inaudible peut faire surgir l’émotion dans un film (la dernière scène de Lost in Translation). La plupart des artistes interrogés me sont inconnus, mais leurs conversations m’intéressent quand même et la mise en page est hypnotique : ça fourmille d’extraits de carnets de notes, de photos de tournage, d’images d’œuvres en cours de construction. Adam Moss nous emmène dans les coulisses de la création. Ça donne envie de poursuivre la sienne, quelle qu’elle soit.
L’otium du peuple, de Jean-Miguel Pire (éd. Sciences Humaines)
J’ai entendu parler de cet essai, paru en janvier, dans Grand Canal d’Eva Bester, l’une de mes émissions de radio préférées. Je venais de terminer mon programme d’ateliers Focus sur l’essentiel, j’avais fait beaucoup de recherches sur nos capacités de concentration, et tout à coup ce sociologue historien proposait de m’emmener bien plus loin avec son idée d’otium. Dans la Rome antique, l’otium désigne le « loisir fécond », autrement dit l’usage intelligent du temps libre. Une activité cruciale car, libérée des urgences et des soucis de rentabilité, elle nourrit le for intérieur de la personne qui la pratique. Malheureusement, aujourd’hui, les mille sollicitations qui nous entourent étouffent cet otium. Jean-Miguel Pire propose de le replacer au centre de nos vies, le plus loin possible de nos smartphones.
Pour le moment, je n’ai fait que parcourir son court essai (77 pages), mais sa remise en perspective historique et son style clair m’aident à prendre encore plus de recul par rapport à mes usages numériques.
La méthode Change ma vie, de Clotilde Dusoulier (éd. Robert Laffont)
Le podcast de Clotilde Dusoulier a vraiment changé ma vie quand je l’ai découvert en 2017. Ancienne blogueuse culinaire devenue coach de vie, elle y transmet tout ce qu’elle a appris dans ce laboratoire à ciel ouvert qu’est le développement personnel. Forte de ses années d’expérience, elle propose dans son livre, paru en mai, une synthèse de sa méthode. On peut le lire de bout en bout afin de suivre chaque étape, mais, comme d’hab’, je préfère butiner. J’aime son côté boîte à outils. Quelle que soit la page que j’ouvre, je tombe sur des clés, des exemples, des exercices qui me parlent. Sans compter que, là encore, nous sommes en présence d’une personne qui affectionne les carnets ! C’est en effet à Clotilde que je dois la découverte du flot de pensées. La boucle est bouclée.
La bible Bien gérer son temps, Harvard Business Review France
Quand j’ai acheté ce livre dans un Relais H de la Gare de Lyon, il y a quelques mois, j’avais presque honte. Je me disais que je devais être la seule à passer autant de temps à vouloir… optimiser mon temps. J’ai quand même fait une story Instagram dessus, et vos réactions m’ont surprise. Je n’étais manifestement pas la seule à être obsédée par mon emploi du temps ! L’ouvrage étant un peu cher (25,99€), vous avez été plusieurs à me demander s’il « valait le coup ». Ma réponse est oui. J’ai été agréablement surprise par la qualité des traductions, la pluralité des points de vue, la clarté des cas d’école. Comme le dit l’une d’entre vous, Marie-Sophie, j’aborde ce genre d’ouvrage à la manière d’un livre de recettes : si j’en tire une poignée d’idées nouvelles, j’estime qu’il est rentabilisé. Or ici, la section consacrée au mode de fonctionnement du cabinet d’architecture de Frank Gehry (« Frank Gehry livre dans les délais et sans dépassement de budget. Comment fait-il ? ») justifie à elle seule le prix déboursé.
Couleurs primitives, un nuancier érotique, de Jeanne Cherhal, illustré par Petites Luxures (éd. Gründ)
Il y a quelques mois, Jeanne Cherhal, la chanteuse et compositrice, m’a écrit pour me dire qu’elle aimait me lire. J’ai été saisie par sa délicatesse. On a fait connaissance, et puis un jour, elle m’a envoyé son recueil de poèmes. Depuis, quand j’ai besoin d’une respiration dans ma journée, je l’attrape et l’ouvre au hasard. Ses vers, merveilleusement illustrés des dessins de Simon Frankart, m’emmènent ailleurs, dans un espace imaginaire aux nuances subtiles. Je vous recommande le monde de Jeanne, il y fait bon vivre.
Si l’un de ces livres vous intéresse, j’attire votre attention sur deux sites très pratiques qui permettent de savoir en un clic où les trouver près de chez vous : leslibraires.fr et placedeslibraires.fr. Bonne lecture !
Appel à témoins
Vous avez eu un cancer du sein avec mastectomie et avez fait le choix de ne pas recourir à une reconstruction mammaire ? Racontez-moi par mail les raisons de votre choix, ou n’hésitez pas à transmettre cet appel à des personnes concernées qui pourraient avoir envie de témoigner. Merci 🩷
Les replays de mes ateliers à prix doux
Et si vous profitiez de l’été pour prendre soin de vous et vous offrir un moment d’introspection ? Je marque une pause dans mes ateliers en live, mais pour vous inciter à découvrir mes replays, je vous propose une réduction de 30% sur chacun d’entre eux jusqu’au 31 août. Pour profiter du tarif unitaire à 29,40€ au lieu de 42€, il vous suffit d’entrer le code BELÉTÉ au moment du paiement (cette offre ne concerne pas mon coaching digital, dont le tarif reste fixe).
Rappel des principales thématiques des ateliers :
S’ouvrir à l’écriture par le flot de pensées
Cultiver son pouvoir de concentration
Repenser ses habitudes
Trouver son flow pour créer dans la joie
Deep Work : plongez dans le travail en profondeur
Comment créer son panneau d’inspiration
Mes programmes sont également à -30%, 3 ateliers à 68,60€ au lieu de 98€ :
Focus sur l’essentiel (Concentration – Habitudes – Flow)
Réussir sa newsletter (Lancement – Développement – Durée).
Et n’oubliez pas le replay gratuit de mon atelier Faire la paix avec son téléphone portable.
Je suis effarée par ces commentaires intrusifs sur la politique . Il faudrait redéfinir les limites du respect de l’autre, de ses choix. En plus si ces personnes te lisent, elles savent bien qu’ici on ne parle pas de politique . Donc c’est hors sujet, mal élevé et juste pour provoquer .
Merci pour les recommandations 🙏
Quelle merveilleuse liste! Merci de nous faire part de vos suggestions et commentaires sur ces livres!